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NOTES SUR QUELQUES 'OEUVRES D'HOLBEIN EN ANGLETERRE 235 II est à remarquer que l'axe du monogramme nouveau ne tombe pas entre le 5 et le 3, et que la symétrie qui existait dans l'ancien se trouve ainsi détruite. Nous terminerons par quelques indications au' sujet des portraits d'Henry VIII, qui sont invariablement attribués à Holbein. Il existe, d'une part, un grand nombre de petits panneaux, représentant le roi de face, en buste, et qui ne sont en aucune sorte dignes d'Holbein, — de l'autre, une série de portraits, en pied pour la plupart, qui ont probablement pour origine une oeuvre. d'Holbein. Celui-ci, en effet, peignit à fresque en 1537, dans une des salles de Whitehall, une vaste composition où apparaissaient, en pied et plus grands que nature, de chaque côté d'une cheminée monumentale, Henry VIII et son père Henry VII d'une part. Jane Seymour et Elisabeth d'York de l'autre. L'incendie de 169 8 détruisit cette fresque, qui, au dire des contemporains, exerçait sur le spectateur une véritable fascination. Une petite copie, exécutée en 1667 par un élève de Van Dyck, Rémi van Leemput, sur les ordres de Charles II, est conservée à Hampton-Court, et n'est qu'un faible reflet du chef-d'oeuvre disparu. Par contre, la moitié du carton qui servit à l'exécuter se trouve à Hardwick Hall, chez le duc de Devonshire. Bien qu'abîmé, ce carton est encore très éloquent. Henry VIII, dont la large carrure éclipse celle de son père, — qui se tient au second plan, commeil sied à un défunt, — est représenté le corps de face et le visage de trois quarts, contrairement à l'attitude qu'il semble avoir préférée ]. Aussi dut-il exiger d'Holbein d'être représenté dans sa pose favorite, car la fresque de Whitehall montrait un Henry VIII de face, comme en témoigne la copie de van Leemput. Le carton qui servit à exécuter cette modification se trouve à Munich. D'après cette fresque ont probablement été exécutés les nombreux portraits du roi. de face, en pied, les jambes écartées, en costume d'apparat. Tels sont ceux de Chatsworth2 (duc de Devonshire), Charlbury (vicomte Dillon), Petworth (lord Lecon- fteld) et du château de Windsor 3, pour ne citer que ceux que nous avons vus. Ils offrent des variantes insignifiantes, dans le costume, la parure, la position des mains. Aucun ne présente des caractères suffisamment nets pour être attribué à Holbein lui-même. Un portrait, cependant, passe pour original. C'est un petit buste appartenant au comte Spencer (Althorp). L'orientation de trois quarts à droite est la même que dans le carton de Hardwick, mais l'expression est plus douce. Le visage, se détachant sur fond bleu clair, est d'une grande finesse, ainsi que les détails du vêtement brodé d'or, ce qui explique qu'on l'ait parfois classé parmi les miniatures, quoique ni le procédé, ni les dimensions 4 ne permettent de lui donner ce nom. La collection du comte Spencer renferme encore un' panneau où quelque ingé- nieux mais naïf copiste a groupé, dans des attitudes compassées, un Henry VIII du type bien connu, une princesse Mary inspirée des portraits d'Anthonis More, et le 1. Presque tous ses portraits sont de face. 2. Il y a encore à Chatsworth, outre le portrait en pied, un petit buste d'Henry VIII, en cos- tume plus modeste, mais aussi plus aimable, que l'on a baptisé récemment « École Française ». 3. Celui-là jusqu'à mi-corps seulement. 4. Bois, 0m26xOm18.