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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/307

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252 LA REVUE DE L'ART Cartons n'est pas précisément le mot, puisqu'ils employaient des éclats de calcaire pour leurs études, mais le terme d'ostraca sous lequel nous les désignons ne vaut pas mieux, et de plus n'est intelligible qu'aux égypto- logues de métier. C'est par centaines qu'on les voit au musée du Caire, et l'on y peut noter les tâtonnements de l'artiste, ses hésitations, ses repen- tirs, les variations de sa pensée et de sa main, jusqu'au moment où il est devenu le maître absolu de son modèle. Plus d'une fois, d'ailleurs, le hasard des fouilles a ramené au jour ce modèle lui-même, et il nous fournit le moyen de comparer le portrait à l'original. C'est le cas pour Thout- môsis III. Sa momie a été trouvée en 1881, dans la cachette de Deîr-el- Baharî, et elle est exposée avec les autres dans notre Galerie des Souve- rains. Certes, le visage a perdu beaucoup au cours de la momification, et le retrait des chairs, l'affaissement des yeux, l'écrasement du nez, la décoloration de la peau le font très différent de ce qu'il était autrefois. Pourtant, si le modelé superficiel a souffert, celui du dessous est resté le même : lorsqu'on le compare de profil et de face au masque de la statue, on est forcé d'avouer qu'il lui est identique, avec la vie en plus, dont le sculpteur a perpétué l'expression. G. MASPERO (A suivre.)