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LES PEINTRES DES DUCS DE BOURGOGNE 257 pour procéder lui-même, suivant l'usage, à la mise en place. Au mois d'août 1399, une commission, composée du receveur gémirai des oeuvres de la Chartreuse, Amiot Amant, du trésorier Josset de Halle, du sculpteur Claus Sluter, des peintres Jean Maehveel et Guillaume de Beaumez, neveu de Jean, et de l'orfèvre Mannequin de Macht, attesta que l'ouvrage avait été peint comme il convenait, d'or, d'azur et d'excellentes couleurs 1. Philippe le Hardi, de son côté, fut enchanté de son peintre, et il lui témoigna son contentement avec sa générosité habituelle. Déjà il lui avait fait plusieurs dons, en considération de ses « bons et agréables services ». Cette fois, il lui remit deux cents francs d'or, en plus des huit cents qu'il lui devait comme prix de son travail 2 ; et c'était justice. Largement ouverts, les retables de Dijon présentent chacun trois panneaux, et mesurent lm 62 de hauteur sur 5m 20 de développement. Sous de fines arcatures gothiques, se succèdent, sculptées, des figures et des scènes du Nouveau Testament : la Décollation de saint Jean-Baptiste, l'Adoration des Mages, le Calvaire, l'Ensevelissement du Christ, le Mar- tyre de sainte Catherine, la Tentation de saint Antoine, et le fameux Saint Georges casqué, en armure de chevalier du xrv° siècle. Fermés, ils offraient jadis, sur le revers de leurs volets, les peintures de Broederlam; et, si l'un d'eux a perdu cette parure, l'autre l'a gardée, pour montrer en quel- ques scènes de la vie du Christ et de la Vierge, la Visitation, l'Annonciation, la Présentation au Temple, la Fuite en Egypte, avec quel art les primitifs flamands savaient accommoder le divin idéal au pittoresque de la vie réelle et nuancer les belles et solides couleurs. Installés à la Chartreuse, l'un sur l'autel de la salle du chapitre, l'autre sur l'autel de Berry situé dans l'abside de Féglise, «assurés» de ferrures et doublés de grosse toile de chanvre « pour yceulx garder de pourrir contre le mur», les retables de Jacques de Baers et de Melchior Broederlam eurent, à la Révolution, le même sort que les tombeaux des ducs de Bourgogne. Abandonnés à la poussière dans un coin de la cathé- drale Saint-Bénigne de Dijon, ils se détériorèrent, et ils étaient dans le plus triste état quand on entreprit de les réparer, en 1841-433. Mais le travail 1. Monget, op. cil., t. I, p. 208. 2. Quittance conservée aux Archives départementalesde la Côte-d'Or, B. 389. 3. Rapport sur les restes de la Chartreuse, dans Mémoires de la Commission des antiquités de la Côle-d'Or, t. II, p. 37. LA REVTJE DE L'ART. — XX. 33