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258 LA REVUE DE L'ART de restauration des sculptures fut déplorable. Dans le Calvaire, un Christ quelconque fut attaché à la croix, tandis que l'autre, l'authentique, tombé aux mains d'un particulier, était vendu, et, par une idée insensée, on plaça autour du Crucifié de petites copies en bois doré des prophètes de Claus Sluter, qui sont postérieurs de dix ans, sans se rendre compte de l'erreur commise et des singulières réflexions auxquelles pouvait être conduit dans la suite un visiteur non renseigné 1. Malgré leur importance et leur date qui les place en tête d'une série, les retables de Maehveel, de Bellechose et de Broederlam ne sont cepen- dant pas les plus beaux, ni les seuls tableaux peints de la fin du xivc ou du xvc siècle, qui soient conservés en Bourgogne ou qui y aient figuré au temps des ducs de la maison de Valois. L'atelier ducal dijonnais ayant disparu avec Bellechose, il arriva pour la peinture ce qui était advenu pour la sculpture. Les grands officiers de la cour prirent la suite des ducs, prodiguèrent les commandes ; et l'on est étonné de constater aujourd'hui combien, parmi les oeuvres de cette époque, dispersées dans les églises ou les musées d'Europe, ont été faites pour des Bourguignons et placées d'abord en Bourgogne. La Vierge au donateur de Jean van Eyck (musée du Louvre) a été commandée par le chancelier de Philippe le Bon, Nicolas Rollin. pour l'église Saint-Lazare d'Autun, et l'Annonciation du même auteur, qui se trouve à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, « reste d'un ensemble mutilé transféré de bois sur toile vers 1850 », fut acheté à Dijon par Guillaume II de Hollande, de la collection duquel elle passa en celle des tsars 2. Les Sept Sacrements de Roger van der Weyden, au musée d'Anvers, portent les armes de la famille bourguignonne des Chevrot, et ils demeuraient, au com- mencement du xixe siècle, en Bourgogne3. Et si cette grande oeuvre a été enle- vée à sa province, celle-ci garde, à l'Hôtel-Dieude Beaune, le Triptyque du Jugement dernier, envoyé vers 1446 par Nicolas Rollin, pour être mis sur le maître-autel de la chapelle de la grande salle, et qu'on ne saurait con- 1. Sur les retables de Dijon, voir en particulier : Rapport sur les restes de la Chartreuse, p. 36-40 .• Michiels, Histoire de la peinture flamande, t. 1), p. 34 ; Waagen, Manuel de la peinture flamande, t. I, p. 60 ; Dehaisnes, op. cit., t. III, p. 505-508 ; Monget, op. cit., t. I, p. 206-211 ; A. de Champeaux', art. cité : Courajod, Leçons professées à l'école du Louvre, t. 11, p. 150. 2. Voll, Jean van Eyclc en France, dans la Gazelle des Beaux-Arts, mars 1901, p. 218-221. 3. Dehaisnes, l'Art flamand en France, dans Réunions des Sociétés des Beaux-Arts des dépar- lements, 1892, p. 91.