Aller au contenu

Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

266 LA REVUE DE L'ART vernisser, azurer, appareiller les couleurs, en se conformant rigoureu- sement aux cartons dessinés par le maître, ou à ses explications orales. La comparaison qu'on peut faire des peintures murales antérieures à 1375, conservées en Bourgogne, avec celles du siècle suivant, est égale- ment suggestive. Leur emploi fut courant à partir du xic siècle, et il se maintint à travers les événements qui substituèrent le gothique au roman. D'après les descriptions qui sont parvenues jusqu'à nous et les morceaux qui restent, à Saint-Vorle de Châtillon, à Tournus, à Auxerre, à Berzé-la- Ville, à Saint-Vincent de Mâcon, on est assuré que les artistes locaux s'en tinrent fidèlement aux sujets fournis par l'iconographie chrétienne, Jugement dernier, Résurrection, Christ bénissant. Que celui-ci fût inscrit dans une gloire ou monté sur un cheval, comme à Auxerre, dans la vaste composition exécutée sur l'ordre de l'évéque Humbaud, il observait l'atti- tude invariable que les sculpteurs ont également reproduite, et il avait toujours le même entourage d'anges thuriféraires, d'évangélistes, d'apôtres. Quelques attitudes moins raides ne sauraient constituer une indication sérieuse ; ces oeuvres n'ont aucun caractère spécial : leurs auteurs se sont conformés purement et simplement aux procédés en usage de leur temps. Mais que l'on mette en regard de ces productions, dépourvues de caractère, les manifestations les plus complètes qui nous soient restées de la peinture murale en Bourgogne à l'époque suivante, c'est-à-dire les peintures des églises Notre-Dame de Dijon, Saint-Lazare d'Autun. Notre- Dame de Beaune, ces dernières dues à la générosité du cardinal Jean Rollin, fils du chancelier, et toutes appartenant à la seconde moitié du xve siècle : aussitôt le changement éclate. A Autun, on voit un cortège de cardinaux, d'évêques, de diacres, de seigneurs et de dames, défiler pro- cessionnellement, escortant le pape qui porte l'image de la Vierge : à Dijon, les scènes du Baptême et de la Circoncision s'accomplissent BOUS l'oeil bienveillant de trois saints, et une Vierge à l'Enfant contemple le donateur agenouillé à ses pieds ; les peintures de la chapelle Saint-Léger de Beaune représentent la Lapidation de saint Etienne et Lazare res- suscitant entre deux groupes de spectateurs, formés, l'un par le Christ et ses disciples, l'autre par la foule des docteurs et des gens du peuple V 1. Voir F. Mathieu, Peintures murales de la chapelle Rollin, à l'église collégiale de Beaune,