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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/341

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282 LA REVUE DE L'ART A vrai dire, ces identifications sont loin d'être complètes : c'est par centaines, en effet, que ce laborieux et fécond artiste compte ses portraits. Non seulement pendant les cinq années de son séjour à Varsovie (1789- 1794), il continue à exploiter les sujets bibliques et mythologiques, — Adam et Eve dans le paradis terrestre, Joseph et la femme de Putiphar, Achille et Thélys, Achille devant le corps de Pairode, la Nymphe endormie et le Satyre, — non seulement il accepte la commande de plusieurs tableaux religieux, Madones, Christs bénissants, saints, saintes, etc., mais il est littéralement débordé par les demandes de portraits : on en compte plus de cinquante pour ce court espace de temps, pendant lequel il trouva encore le loisir de faire un voyage à Posen. Il faut renoncer à énumérer ces peintures : on saura seulement que le portrait de Stanislas-Auguste s'y rencontre jusqu'à quatre fois. Après les tristes événements de 1794, il quitta Varsovie pour Lem- berg, en Galicie, où il demeura douze années. Là, nouvelle production acharnée : ses peintures atteignent le nombre de deux cent quatre-vingts, et il est bien probable que plus d'un propriétaire actuel ne se doute pas de l'intérêt des oeuvres non signées qu'il possède. Toute la ville de Lemberg et toute la Galicie à travers laquelle il voyagea, sans passer les frontières de Pologne, ne furent qu'une immense galerie d'oeuvres de Pitschmann : il aborda toutes les sphères de la société, à commencer par les ' portraits en pied de l'empereur François II et de l'une de ses quatre femmes, pour continuer par les dignitaires de la couronne, les grands seigneurs et les hommes de guerre, et finir par les fonctionnaires de moindre importance et même les gens de la petite noblesse. Il y a des modèles dont on retrouve jusqu'à six fois le portrait, témoin celui de la comtesse Kossakowska née comtesse Potocka, castellaiie de Kamien ; les familles Tarnowski, Sapieha, Lubomirski, Mniszech, Scipio Krasicki, Morski, Czacki, etc., etc., sont inscrites, plusieurs fois chacune, sur les carnets de l'artiste, dont la vogue, réellement prodigieuse, n'avait d'égale que la facilité. Il est à peine besoin de dire que son exécution se ressentait de cette hâte fiévreuse. Toutefois, malgré ce que ses oeuvres ont de superficiel, on s'accordait pour trouver à ses peintures une ressemblance frappante avec les modèles qu'elles avaient à représenter ; un dessin large, une grande