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284 LA REVUE DE L'ART lente idée de la manière de cet artiste, dont les productions se sont mul- tipliées pendant vingt-huit ans, sans que son activité paraisse s'être un moment ralentie, et sans que ses qualités semblent avoir été plus remar- quables à une période de sa vie qu'à une autre. On voit, par cette série d'études, que Stanislas-Augustecomprenait d'une façon toute particulière ses devoirs de souverain, et il suffirait, pour s'en convaincre, de lire sa correspondance avec Mme Geoffrin pendant la seule année 1767 : la politique et les beaux-arts s'entremêlent à chaque page de ces curieuses lettres, si bien qu'on est parfois tenté de se demander si le roi de Pologne ne donnait pas la préférence à ceux-ci sur celle-là. Tandis que se tenait cette Diète d'octobre 1767, qui devait préparer le premier démembrement du pays, et que les troupes russes entraient en Pologne, le roi mandait à Mme Geoffrin de lui renvoyer Kucharski, lequel, comme on l'a vu, ne lui donnait pas toute satisfaction ; ou bien encore il la chargeait d'acheter des marbres de Pigalle et de négocier la venue en Pologne du sculpteur Le Brun. C'est tout juste si, malgré la rigueur des temps, il n'accède pas aux désirs de Mllc Clairon, qui souhaite d'aller jouer à Varsovie ! C'est que Stanislas-Auguste était un véritable amateur et un artiste ; aimant les arts, il estimait qu'il était de son devoir de roi de les encou- rager de son mieux. Sur un plus vaste théâtre, avec des ressources plus grandes et surtout avec un règne moins tourmenté et plus long, nul doute qu'il eût fait de Varsovie un centre artistique comparable aux plus grandes capitales FOURNIER-SARLOVÈZE