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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/376

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A PROPOS D'UNE OEUVRE DE BOSCII AU MUSÉE DE GAND 307 Les soldats fanfarons, légèrement ridiculisés dans les mystères français, où ils perlent les noms amusants cl. typiques de Turelutittu, de Tranche-Vuyde ou de Jlardy- sur-la- Poulaille, rappelant le franc-archer de Bagnole! mourant de peur devant un épouvantail, étaient bien plus malmenés dans les représentations populaires flamandes : 11 are ambaclit daf is roef ende moert ! «  Leur métier est meurtre et pillage », dit l'ancienne chanson thioise: et l'on com- prendra que Jérôme Bosch, en les représentant de la façon la plus affreuse, ne fit que suivre l'usage général dans les mystères, où le soldat païen martyrisant Jésus était assimilé aux mercenaires étrangers et détestés, à la solde de princes fort peu popu- laires. Nous pourrions donner encore de nombreux exemples pris dans les mystères de la Passion composés en langue flamande ; mais il faut savoir se borner. Cette courte étude suffira pour constater que le Portement de Croix du musée de Gand doit être considéré comme un document précieux, digne d'être mieux connu. Car il sert de trait, d'union entre le Couronnement d'épines de l'Escurial et le triptyque de Valence, qui, avec le tableau de Princeton, doivent être rangés parmi les oeuvres de Bosch appartenant à sa dernière manière. De plus, nous y constatons une fois de plus l'influence considérable qu'exercèrent les mystères et « moralités » sur l'art flamand de cette époque, L. MAETERLINCK