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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/378

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LES CARTES A .10UER 309 l'origine indienne. Quanta la mention connue et jadis admise comme irréfutable de leur invention en France, elle se base sur un texte tiré du registre de la Cour des Comptes, en 1392, ainsi conçu : «  A Jacqucniin Gringonneur, peintre, pour trois jeux de caries, et à diverses couleurs, à plusieurs devises, pour porter devers ledit Seigneur Roi, pour son esbattement. LVI sols parisis ». Or, dés 1379, c'est-à-dire treize ans avant la commande de Charles Pouparl, argentier de Charles VI, à Jacquemin Grin- gonneur, les caries étaient connues en Bel- gique : nous en avons des preuves certaines. De 1381 date aussi l'acte d'un notaire mar- seillais, Laurent. Aycardi, qui établit d'une manière irréfutable que. dès cette année, les jeux de cartes étaient considérés comme une plaie pour la jeunesse. Ainsi disparait la légende, sans toutefois faire disparaître le mystère. Les cartes pou- vaient être connues sous d'autres noms. Du Cange croit qu'elles s'appelaient pagina;, d'après une mention signalée parmi les jeux défendus aux religieux d'une abbaye. Le mot carte, de charta. est venu plus tard, lorsqu'on remplaça les parchemins et le vélin par du papier fort ou du carton. D'ailleurs, leur usage en Allemagne dès 1329, ainsi qu'en témoigne une lettre pastorale de l'évêque de Wurtzbourg, et surtout l'apparition rapide des cartes numérales — peut-être issues du jeu d'échecs — permettent d'attribuer de pré- férence à l'Allemagne la paternité des cartes à jouer. D'Allemagne, introduites en France, elles passèrent en Espagne, à moins qu'on ne les y ait transportées directement de Flandre, ainsi que pourrait le faire croire la parenté du mot flamand « knaep » (papier) avec naip, nom donné aux cartes en Espagne. Sous cette dénomination elles vinrent en Italie, où, confondues avec certaines images LE Bue DE LAOS. Roi de frefle d'un jeu lyonnais du xve siècle. Collection Lucien Wiener. instructives (naibi). elles donnèrent naissance aux tarots. Ceux-ci, avec la variété innombrable de leurs figures, sont célèbres; on cite le tarot de Mantegna, celui de la famille Visconti, celui de Charles VI, dessiné et enluminé comme un manuscrit. Encore aujourd'hui, l'Espagne a gardé les anciennes enseignes du tarot : la coupe, les bâtons, etc.. Mais c'est aussi en Allemagne qu'il faut chercher l'origine des signes distinctifs qui doivent différencier les séries. Jusqu'à la seconde moitié du xvc siècle, on y fit usage d'enseignes à sujets animés : chasseurs, cavaliers, animaux. A partir de cette époque, l'application des procédés xérographiqueset de la gravure,