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326 LA REVUE DE L'ART Rome en 1623. Il y aurait donc séjourné au moins deux fois, à vingt années d'intervalle. Les deux oeuvres capitales de Pierre Dumonstier, aujourd'hui con- servées au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale, portent des notes manuscrites paraissant bien présenter tous les caractères d'authenticité. M. Reiset, puis M. Bouchot, ont étudié avec la plus scrupu- leuse attention ces deux dessins; nous ne saurions mieux faire que de rapporter ici le résultat de leurs observations. Le premier de ces crayons est le portrait d'une femme dans la force de l'âge, coiffée en cheveux, avec un collier de perles. On n'a pu retrouver le nom du modèle. Au bas, se lit l'inscription : «  Ce 27 aoust 1618, par P. Dumonstier ». L'autre représente Henri de Beaumanoir, d'abord comte de Nègre- pelisse, puis marquis de Lavardin. Il est vu de trois quarts, avec moustache et royale, cheveux courts et relevés, pourpoint boutonné, col uni'. L'artiste aécritaubas: «  Ce dernier jour d'octobre 1618, par Pierre Du Monsiier Parisien ». M. Reiset. après avoir soigneusement, étudié ces dessins, porte le jugement suivant : «  Nous n'hésitons pas à dire que ces crayons sont égaux aux meilleurs de Daniel. Le pastel y est mélangé à la sanguine, avec beaucoup de goût et de finesse: la couleur est vigoureuse et pleine d'harmonie. » M. Bouchot, partage l'opinion de M. Reiset et joint à son appréciation une remarque des plus ingénieuses'. L'étude minutieuse de l'écriture des inscriptions lui a suggéré de bien singuliers rapprochements; il y aura lieu, désormais, d'en tenir grand compte. Cette écriture, dit le savant et regretté conservateur si prématu- rément enlevé à la science, est la même que celle du dessin de Caron représentant la reine Catherine, M",c de Sauves, avec Etienne et Pierre Du- monstier. Les noms des personnages auraient donc été ajoutés sur le dessin de Caron longtemps après son exécution, d'après une tradition de famille, et alors qu'il était tombé entre les mains de notre Pierre Dumonstier. Ignorant l'existence de deux artistes ayant porté ce même prénom de Pierre, M. Bouchot attribue au même dessinateur une série de portraits dont il conviendrait aujourd'hui d'établir la répartition entre les deux 1. H.Bouchot, les Recueils de crayons des XVI' et XVII' siècles, conservés à la Bibliothèque nalio- nale. Paris, Oudin, 1884, in-S°, p. 76 et suiv.