Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/428

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A PROPOS DE L'EXPOSITION COURBET AU GRAND PALAIS 353 à Paris, que celui-ci y consent. — à la condition que son fils veuille étu- dier le droit. Avant de partir, il se plut, à l'aire le tour de son petit pays, à revoir les vallons, les villages, les forèts, les sapinières magnifiques, et surtout sa chère vallée de la Loue, et la promenade sous les roches... Que Courbet ait, en effet, profondément aimé la nature, et particulièrement la nature de chez lui, nous n'en saurions douter, et il est essentiel de dire que c'est dans cet amour, aussi bien que dans l'étude des maîtres, qu'il a puisé sa principale force. Parce qu'il étala trop souvent dans ses propos un maté- rialisme agressif et saugrenu, certains critiques n'ont vu en lui qu'un lourdaud, incapable de sentiment et d'émotion. Beaucoup de ses oeuvres et de ses actes vont à rencontre de cette croyance, révèlent qu'il fut un sentimental et un enthousiaste. Courbet vient donc à Paris. Pour apprendre le droit? Vous n'en croyez rien. Il ne connaît qu'une école : le Louvre. On l'y voit avec Bonvin. S'il n'aime point, dit-il, Raphaël, ni Titien, ni Léonard, il admire Holbein, Véro- nèse, Ribera, Zurbaran, Velazquez, Frans Hais — surtout Rembrandt. Il fait des copies d'après ces maîtres, et aussi d'après des contemporains : Schnetz, Ptobert Fleury, Delacroix, Géricault. Son père lui écrit qu'il gaspille son temps. Courbet riposte qu'il mène une vie exemplaire, qu'il travaille comme un enragé, non seulement au Louvre, mais chez lui. Il semble bien, en effet, qu'il ait, durant plusieurs années, passionnément, furieusement travaillé — et d'ailleurs avec une intelligence singulière : ce n'est point d'une manière superficielle qu'il copiait Rembrandt, Frans Hais, Velazquez. Il les étudiait à fond, pénétrait véritablement le secret de leur technique, se l'assimilait de son mieux. Il ne tarda pas, grâce à ce labeur, grâce aussi à de très consciencieuses études d'après le modèle vivant, à se sentir suffisamment armé pour entrer en campagne. On est quelque peu déconcerté par les seuls titres de ses premières compositions, par exemple : l'Homme délivré dé l'amourpar la mort, une Odalisque, une Lélia, Loth et ses filles (que faisait alors Courbet des idées de M. de Bonald ?..,). En 1841, il s'en prend à Goethe, — c'est que Faust l'a ennuyé, — et il peint une Nuit de Walpurgis « où l'on voit un alchi- miste poursuivant une jeune femme qui personnifie la nature». Après cela, Courbet montre à ses amis des paysages et des portraits. Il se repré- LA REVUE DE L'ART. — XX. 45