Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/437

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360 LA. REVUE DE L'ART j'enlève tout cela à la force du poignet! » disait-il en son langage familier. 'Nous risquerions,.en nous attardant, de déborder le cadre qui nous a été: ici réservé... Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le métier de Courbet, d'après ce qu'il en a dit et d'après l'étude de ses oeuvres ; il y aurait à montrer quelle salutaire influence ce seul métier exerça sur la peinture, aussi bien en France qu'à l'étranger, et particulièrement, eu Belgique.; et à faire voir dans quelle mesure le maître d'Ornans est l'un des devanciers de nos impressionnistes. Peut-être attendait-on que nous parlions particu- lièrement du réalisme et de son histoire ? Mais le réalisme n'est qu'un mot, Courbet le disait lui-même, et son histoire n'est qu'une comédie, « une des meilleures plaisanteries de l'époque » , comme Champfleury, oui Champfleury, l'écrivait un jour à Max Buchon. Ou plutôt, si l'on veut, le réalisme existe bien, et son histoire artistique commence à l'âge des cavernes, au mammouth de la grotte de Combarelles, par exemple... Le réalisme ? Courbet l'a trouvé tout vivant chez les maîtres qu'il s'était si heureusement choisis par instinct, depuis Holbein jusqu'à Géricault. Son grand mérite est d'avoir su reprendre, en des temps difficiles, la tra- dition interrompue. «Un seul tableau comme le Naufrage de la Méduse», écrivait Proudhon, « suffît à indiquer la route de l'art à travers les géné- rations et permet d'attendre». Courbet est venu dire ce que l'on pouvait tirer de cette « indication », et marquer les limites qu'il ne fallait pas franchir. EDOUARD SARRADIN