Aller au contenu

Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

AU), RENOUARD 371 publiait pas encore ces dos cl ces chapeaux derrière lesquels il se passe quelque chose, seules images d'un grand événement que puisse reproduire l'objectif. On ignorait aussi les odieuses photographies Irnquées, qui semblent avoir transporté dans le livre et le journal l'art vulgaire du Irompe- l'oeil forain. Le public, dont on n'avait pas avili le goût, se contentait en ma- nière de renseignements graphiques de l'interprétation loyale et libre d'un des- sinateur. C'est pourquoi le reportage «  graphique » pouvait alors être un art. Il suffit de regarder les dessins de R,e- nouard, comme ceux de Vierge ou de Caton Woodville, pour s'en convaincre. Et dans cet art, Renouard apporta, non seulement l'agrément de son trait pitto- resque et juste, mais aussi les ressources d'un esprit très fin et très français, d'un esprit prompt à saisir le ridicule menu et à le souligner sans avoir l'air d'y tou- cher. Regardez ces fêtes officielles, ces inaugurations d'expositions, ces céré- monies de cours ou de républiques : ce ne sont rien moins que des satires ; Re- nouard n'a rien d'un pamphlétaire, et les gens en place, les porteurs d'uniformes et de décorations, le divertissentbeaucoup trop pour qu'il songe à leur reprocherleur vanité ou à opposer à leur luxe vain « la S. M. LE Roi DES BELGES. noble blouse du prolétaire »; mais regardez les détails de telle scène solen- nelle, et vous verrez avec quelle ironie délicate l'artiste a su noter ceux qui ramènent les choses à de justes proportions. On dirait qu'il murmure dans sa barbe: Et nunc erudimini qui judicalis terrain, tout en étouffant un éclat de rire. Vous trouverez cette-note ironique et délicate, dont ceux qui en sont