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394 LA REVUE DE L'ART rideaux du monastère de Dragomirna : l'un, du métropolitainVarlaam de Rostovv (vers 1597), représente une mise au tombeau avec les chairs, à l'anatomie grossement indiquée de bourrelets bruns, peintes dans la broderie or et argent sur tons rouges, à bordure bleue; l'autre, un parement avec la mort de Marie, don du métropolitain A. Crimca en 1612, et racheté en 1654 par la femme de Vasile Lupu, Catherine, aux cosaques de Timus Chmielnicky.— Les quelques échantillons de peinture exposés dans le pavillon ne manquent'pas d'un intérêt ethnographique, mais une série de belles photographies complète mieux la documentation par les vues des vieilles églises de Patraoutz (1487), de Saint-Élie (1463), de Putna, de Voronetz (1488), de Miraoutz, fon- dées toujours par Etienne le Grand, que l'on appelle aussi le Saint, et qui en bâtit quarante-quatre en reconnaissancede ses victoires. — La décoration se compose de kilim (tapis) anciens aux couleurs atténuées, ornés de formes d'oiseaux archaïques, d'objets de boissellerie d'un travail minutieux, et des collections d'oeufs teints dé M. Bodnarescul et du P. Marian, l'auteur de nombreux ouvrages sur les coutumes et traditions populaires, publiés par l'Académie roumaine. A l'angle Est de l'esplanade Couza-Voda, non loin d'une ruine du château-de Vlad l'Empaleur, s'élève la Coula, le clou de l'Exposition, cette curieuse maison fortifiée à la turque, dont les boyars d'Olténie, et eux seuls, nous affirme l'historien Nie. Jorga, avaient adopté la disposition de ce côté-ci du Danube, mais si peu connue, que beaucoup de Roumains, avant l'Exposition, ignoraient le mot et la chose. Lourde- ment assise dans le sol et percée au rez-de-chaussée de meurtrières étroites, elle s'ouvre à l'étage sur une galerie à colonnade trapue, surmontée d'un large toit en auvent. 11 en existe encore plusieurs exemplaires dans le pays ; les architectes se sont parti- culièrement inspirés d'une coula de la commune de Grochéra (district de Dolj), datant de la'fin du XVIIIe siècle : on pouvait difficilement réunir à la fois plus de force et de grâce. 'Ornée et aménagée à l'intérieur avec le goût exquis d'un collectionneur érudit, par M. Alexandre Bellio, elle renferme les trésors de l'art religieux échus au musée de Bucarest, à la suite de la sécularisation des biens -conventuels, et les frag- ments sauvés des restaurations d'églises; c'est une des constructions qui survivront" à l'Exposition, et l'on espère qu'elle deviendra le musée spécial de l'art reli- gieux. Ici surtout, il faudrait tout mentionner, étudier, détailler. La place nous permet à peine de citer au moins l'effet, très recueilli de la chapelle décorée par M. Paul Vérona de peintures archaïsantes, enfumées à souhait, puis, parmi les reliques précieuses, un de ces merveilleux épitafs employés à l'office de nuit du Vendredi Saint, don de Neagoe Bassarab (xvi° siècle) au monastère de Bistritza, ou cet autre tout tramé d'ors variés sur soie élimée, don du grand Mirceaau monastère de Cozia (1387) ; l'évangéliaire du pieux Nicodème de Tismana, au début du xvc siècle, les reliures de métal massif, vil ou précieux, sculpté, repoussé, ciselé, enrichies de pierreries ; les tabernacles, les croix de procession,les encensoirs, d'un travail délicat à l'extrême; les « portes du paradis » (au centre de l'iconostase, vers l'autel) en bois, des monastères de Cotroceni et Snagov.— Dans une vitrine centrale, sont enfermés les volumes autographes des poésies de Carmen Sylva, et ses précieuses enluminures reli- gieuses. — Enfin, dans un compartimentannexe, l'exposition religieuse arménienne, organisée par M. G . Goilav: toiles peintes servant à dérober l'autel aux yeux des fidèles