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L'ART ROUMAIN ET L'EXPOSITION JUBILAIRE 393 A la suite des pavillons d'Aul riche et de Hongrie, celui de ce duché de Pucovine. dont la Roumanie ressent l'amputation encore cuisante après plus d'un siècle 1175)

c'est que ce coin de pays, si doucement chanté par Alecsandri, détient dans ses nombreux monastères fondés par Etienne le Grand, les souvenirs les plus glorieux de l'histoire moldave. Aussi trouvons-nous ici des pièces du plus grand prix et en plus grand nombre que dans aucun autre pavillon. Ce sont dans les vitrines les évangiles aux feuillets ornés de miniatures, dont celui du monastère de Homor 1473) présente le seul portrait authentique du Voevode au visage pou- pin,à la stature courtaude : le Panaghier ou triptyque d'icônes qu'Etienneempor- tai! toujours avec lui sous la tente dans ses guerres continuelles, et dont l'en- cadrement au lin feuillage vert et bleu, orné de cabo- chons, constitue déjà une oeuvre d'art précieuse : le Sera fim (1 498 ), sorte de disque-étendard d'or tout ajouré, que l'on portait de- vant le prince; un simple essuie-main brodé à jour sur les quatre côtés, de rinceaux en fil d'or et d'ar- gent entourant l'écu de Moldavie, à la tète de boeuf, avec, à droite et à gauche, le soleil et la lune, et aux angles, saint Georges et saint Démètre terrassant l'un le dragon, l'autre une forme humaine : il provient Cliché de M. le Dr Zaharié. EXPOSITION JUBILAIRE: LA COULA. du monastère de Suczewitza, et on le fait aussi remonter au temps d'Etienne le Grand. Plus remarquables encore les broderies des étoles de 1480, avec les por- traits d'Etienne et de son fils Alexandre ; un grand rideau brodé d'or et d'argent et de soies éteintes, portant un Christ en croix entouré des Saintes Femmes, d'anges, de guerriers, dans un cadre de chérubins, au bas duquel figure, à gauche, de nouveau le prince tel que le représente l'évangile de Homor, et à droite, sa seconde femme, Marie, fille de Radu-le-Beau, voévode de Valachie ; très impressionnant Vépitaf (drap mortuaire) de la troisième femme d'Etienne, Marie de Mangop, prin- cesse tatare (1477), couchée,les yeux fermés, la couronne byzantine en tète, vêtue d'un magnifique brocart. D'un caractère plus fruste, influencés de Russie, les deux grands LA REVUE DE L ART. — XX. 50