Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Saint Michel d’Avignon, cause innocente de la première attribution, et jusqu’à la tragique et mystérieuse Pietà de Villeneuve[1].

Cette invasion soudaine de l’art espagnol en Provence fut présentée par M. Dimier, partisan déclaré de l’italianisme classique, comme une défaite des primitifs français, qui pouvait être le commencement d’une déroute[2]. Henri Bouchot veillait, Il repoussa l’Espagnol au delà du Rhin. Dans un article très modéré, qui était une réponse à M. Dimier[3], il publia une gravure allemande du XVe siècle, un Saint Michel, d’allure impétueuse, qui ressemblait fort à l’archange de Rubeus. Fallait-il en revenir à l’attribution qui, dans l’état actuel des connaissances, paraissait la plus vraisemblable, et faire du peintre mystérieux quelque Franconien ?


Signature de Bartholomeus Rubeus
sur le Saint Michel de la collection de sir Julius Wernher.

Une gravure n’était pas une preuve. Les images de piété, achetées aux foires d’Allemagne, ont circulé en Espagne comme en Italie ; l’une de ces feuilles volantes a pu tomber sous les yeux du peintre de Cordoue.

Il manquait au savant français, comme au savant anglais, d’avoir étudié la pièce capitale du débat : l’œuvre signée par Vermejo, la Pietà de Barcelone. Lorsqu’on est en face d’elle, dans la salle capitulaire de la cathédrale, il faut la regarder longuement pour voir les figures ressortir à travers

  1. Chronique des Arts, octobre 1903, p. 269 ; Burlington Magazine, novembre 1905, t. VIII, p. 129.
  2. Les Arts, novembre 1903.
  3. Les Arts, décembre 1903.