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66 LA REVUE DE L'ART FIG. 2. — INSCRIPTION RELEVÉE SUR LA FAÇADE DE L'ÉGLISE DE SAINT-GILLES. D'après l'estampage. origines de la Renaissance dans le Nord, je le laisse en ce moment, en dehors de mon étude. Examinons seulement, par conséquent, les monuments auxquels les deux premiers auteurs vont demander l'appui de leur authenticité. Nous n'avons pas à remonter plus haut que le baptistère de Pise : je ne trouve pas là de plus typique figure à en citer que la charmante joueuse de lyre, que nous rencontrons au montant de la colonne de gauche de la porte d'entrée. Elle date de 1245 environ : elle est antérieure au célèbre pulpito de Nic- colà d'Apulie (1260). à l'Annonciation si impressionnante du pulpito de San Michèle in Borgo. de Pise, reproduite par M. Venturi. Mais il semble bien inutile de nous attarder à ce XIIIeùsiècle, puisque M. Venturi. lui, fait remonter la Renaissanceà Bene- detto Antelami, qui sculpta, en 1198, la porte du baptistère de Parme. Là, il nous montre l'artiste s'inspirant d'abord des sarcophages romains, puis se pénétrant de l'art du Piémont et du Montferrat, sur lequel, d'ailleurs, il ne nie pas l'in- fluence française ; il nous donne enfin l'inscription du portail du baptistère de Parme, en vers léonins : BIS BINIS DEMPTIS — ANNIS DE MILLE — DVCENTIS — INCEPIT DICTVS — OPVS HOC SCVLPTOR— BENEDICTVS, où nous voyons, là, en effet, une Vierge intéressante,se tournant vers les Mages, dans un mou- vement qui cesse d'être stylisé, véritable interprétation d'un geste très humain. El c'est bien à la même époque que M. Mâle 1 rattache les origines de la Renaissance, quand il nous signale la trans- formation de l'art chrétien du XIIIe siècle, sous la poussée de saint François d'Assise 1182 1226) : Il y eut, dit-il, à ce moment, le grand miracle de l'amour les stig- mates , qui étonna l'Europe et fit naitre des formes nouvelles de sensi- bilité. Alors, une tendresse inconnue détend les âmes, on dirait que la chrétienté tout entière reçoit le don des larmes. Pour ma pari, je crois qu'il faut encore remonter plus haut, grâce aux renseignements fournis par M. Venturi lui- même. N'est-elle pas vraiment bien curieuse, celte tète qui sort d'une lunette de San Savino de Bari? N'est-elle pas vivante, cette base de colonne du musée civique de Bologne, dont je dois la photographie au savant, conservateur du musée, M. E. Brizio (fig. 1)? N'est-elle pas admirable, l'élégante Pudicitia de la cathédrale de Crémone, qu'il faut rapprocher de 1. Revue des Deux-Mondes, 1er octobre 1905.