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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/106

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translation des cendres du général hoche.

plus que le souvenir de ses vertus et le tableau de ses exploits. Consacrons cet instant à lui rendre le témoignage de notre profonde affliction ; que la foudre guerrière qui a éclairé ses nombreux triomphes apprenne à l’univers entier que l’humanité a perdu un ami, la victoire un de ses enfants, la patrie un de ses défenseurs, la République un appui, et nous tous… un ami sincère[1]. »

Plus encore que ce témoignage rendu par un de ses pairs, Hoche a dû apprécier celui d’un de ses vieux grenadiers déposant, les yeux pleins de larmes, une couronne sur son cercueil, avec ces simples paroles : « Hoche, c’est au nom de l’Armée que je te donne cette couronne[1]. »

Quelques jours plus tard, la France entière s’associait au deuil de l’armée par des manifestations patriotiques envers le héros qui venait de disparaître et dont la figure ne devait cesser de grandir dans l’histoire au fur et à mesure que le recul du temps permettait d’en mieux saisir le caractère.

Quand, au soir de cette journée du 22 septembre 1787, se furent éloignés les pas de ses compagnons d’armes, Hoche devait rester seul, et pour longtemps, dans le silence de cette sépulture où il avait été solenellement déposé. Si l’armée qui le perdait avait décidé de perpétuer la mémoire de son illustre chef en lui élevant un monument sur ces hauteurs de Weissenthurm d’où il avait dirigé ses troupes au passage du Rhin, le temps avait passé sans que ce projet fût réalisé.

Lorsque, au bout de vingt années, le corps de Hoche fut retiré du Pétersberg, ce ne fut pas encore pour être déposé dans le caveau de Weissenthurm, mais pour reposer dans le réduit d’un des forts de Coblence, le fort Franz. Et c’est là, sous une plaque de marbre noir entourée d’une simple grille de fer, qu’il dut attendre que la piété de ses concitoyens allât le chercher pour le conduire enfin à sa dernière et définitive demeure.

Étrange destinée que ces pérégrinations posthumes qui ont égaré, pendant de longues années, ceux que guida la pensée de saluer sur la terre étrangère, où ils ont été ensevelis, les enfants illustres que la France, au cours de ses épopées, a semés par le monde.

  1. a et b Hoche, du capitaine E. Cunéo d’Ornano, page. 346.