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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/115

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translation des cendres du général hoche.

nous envahit en nous rappelant que l’hôtel[1] où nous sommes était celui qu’occupait le secrétaire d’État d’Alsace-Lorraine, que dans cette même salle à manger, le Kaiser, en 1912, s’est assis, peut-être même à la place qu’il occupe, buvant peut-être dans le même verre, car porcelaines et cristaux sont restés de l’époque. C’était celle où son passage à Strasbourg suivait de près l’établissement du nouveau régime institué en 1911 pour l’Alsace-Lorraine. La constitution nouvelle, qui avait laissé l’Alsace-Lorraine prisonnière, n’avait pas calmé les esprits et les élections avaient été protestataires. Aussi l’Empereur, de très mauvaise humeur, exhala-t-il son mécontentement en termes très vifs. Le salon où nous prenons le café doit aussi garder les échos de la semonce impériale proférée devant Zorn de Bulach, les généraux, les ministres et autres grands personnages qui avaient assisté au repas. En tout cas, avec un sens très vif de la situation, le général a fait reproduire les paroles de l’Empereur, et elles figurent désormais à l’endroit même où elles furent prononcées, sur une plaque de cuivre apposée sur le chambranle droit de la cheminée et portant l’inscription suivante :

« Ici, le 13 mai 1912, Guillaume ii, Roi de Prusse, Empereur allemand, prononça les paroles suivantes :

« Les choses en Alsace-Lorraine ne peuvent plus continuer ainsi ; si cela ne change pas, je réduirai votre constitution en miettes, j’annexerai tout simplement l’Alsace-Lorraine à la Prusse. Vous n’avez appris à me connaître que du bon côté, vous pourriez bien apprendre à me connaître de l’autre. »

Cette inscription commémorative a été apposée le 31 décembre 1918, en présence de :

M. Maringer, haut Commissaire de la République française ;

Le général Hirschauer, gouverneur de Strasbourg. »

Nous félicitons le général d’avoir eu l’idée de perpétuer en ce lieu cet incident historique. Il ne reste plus d’allemand dans cet hôtel que les vestiges d’un mobilier dit « Rococo » par les Boches, qui n’a pas le don de nous charmer. Il ne fait que

  1. Cet hôtel, situé, 9, quai Kléber, a été construit en 1855 par un architecte de Paris pour un riche commerçant de Strasbourg. Il a été malheureusement agrandi par les Allemands. Il serait destiné à être la résidence du recteur de l’Université.