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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/114

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translation des cendres du général hoche.

Colonel, qui portez la Médaille de 1870, que ces journées doivent vous paraître encore plus belles ! »

Aux premières lueurs du jour, alors que nous franchissons à Avricourt notre ex-frontière, nos regards se portent, le long de la voie ferrée, sur des terrains encore marqués des traces de la grande bataille des quatre années : réseaux de fils barbelés, tronçons de tranchées, trous d’obus, arbres déchiquetés, champs encore incultes, ramènent notre pensée à quelques mois en arrière. Et cependant, aux gares de Sarrebourg, de Saverne, ce ne sont plus les soldats d’un lieutenant von Fortsner, mais bien de nos poilus horizon, qui assurent le service d’ordre.

Dès notre descente du train, nous sommes accueillis par le gouverneur militaire de Strasbourg, qui n’a voulu laisser à personne le soin de nous recevoir. C’est l’officier général distingué en qui nous retrouvons un concitoyen, le général Hirschauer. Sa présence à Strasbourg était une des raisons principales de notre arrêt dans cette ville, où il nous était particulièrement agréable de le saluer à son siège de commandement, en un poste où son cœur d’Alsacien devait éprouver la plus pénétrante des émotions : couronner par ce commandement toute une vie militaire brillamment consacrée au service de la France, quel beau rêve pour un soldat !

Débarrassés par son aimable entremise du soin de chercher un gîte, nous pouvons, dès les premiers moments de notre arrivée, nous consacrer à la visite de cette belle ville qui va devenir un des joyaux de notre patrimoine national. En cette excursion rapide qui nous mène à la place Kléber, à la Cathédrale, au Broglie, à ces merveilles de l’architecture élégante du xviiie siècle de l’Hôtel de Ville et du palais de Rohan, au tombeau du maréchal de Saxe de l’église Saint-Thomas, les heures nous paraissent courtes, jusqu’au moment où nous nous retrouvons tous à la résidence du gouverneur, qui nous a gracieusement conviés à sa table.

La présence de quelques-uns des officiers de son état-major et de quelques dames, dont la fille du général, donne à notre déjeuner un charmant caractère d’intimité. Se sentir là, entre Français, est d’une suggestive saveur.

Le gouverneur ne fait qu’aiguiser encore le sentiment qui