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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/12

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bernis et la guerre de sept ans.

ment occupée à élever de ces petits castels sans grande valeur en soi et dont elle s’exagère l’importance sur la foi des folles prodigalités qu’on prête méchamment à la favorite, alors que les Départements de la Guerre et de la Marine ont tant de peine à trouver les fonds nécessaires à la défense de nos Colonies et au relèvement de notre puissance maritime. Sans doute, Madame de Pompadour se complaît trop allégrement peut-être à ces constructions, « où il s’agit à ses yeux de divertir le Roi, qu’assiège un perpétuel ennui, par des nouveautés et des séjours dans ces ermitages dont architectes, décorateurs, terrassiers seront les premiers à profiter, et, grâce à d’utiles créations locales, les habitants de la région eux-mêmes, selon l’idée qu’elle se fait des obligations qui lui incombent[1] ». Assurément ; mais la malignité publique ne s’arrête pas à ces considérations, et de toutes parts retentissent les criailleries de la foule ; dans le Ministère même, le Comte de Maurepas, qu’on accuse d’avoir laissé dépérir notre marine, cherche à détourner l’orage qui le menace en inspirant des libelles ou on impute à la favorite le désordre des finances et où le Roi n’est pas épargné. À son envoi en exil — non pas à Pontchartrain qui est trop près de Versailles — mais dans ses terres du Berry, d’où il ne reviendra à la Cour qu’après la mort de Louis xv, Madame de Pompadour sent s’affirmer son pouvoir et, dans l’intérêt de sa défense, elle va désormais en user hardiment. L’événement a produit grande impression : beaucoup de ceux qui n’ont pas cessé de faire grise mine à la Marquise accourent bien vite à son appartement, où elle les reçoit avec hauteur, et, spectacle inattendu, Richelieu, qui l’a aidé à renverser Maurepas, à qui il n’a pas pardonné de l’avoir évincé jadis du Ministère, n’est pas des plus attardés à se montrer avec elle. Bien mieux : quelques mois plus tard, en 1750, Madame de Pompadour est admise à assister au travail du Roi avec le Marquis de Puysieulx, chargé du Département des Affaires Étrangères, lequel a lié partie avec elle, en représentant à Louis xv « qu’il était du bien de son service de la mettre pour ainsi dire de moitié dans les affaires politiques[2] ».

  1. M. P. de Nolhac, Madame de Pompadour.
  2. Ibid