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translation des cendres du général hoche.

le Rhin. En quatre jours, il remporte les victoires de Neuwied, Ukrath, Altenkirchen, livre cinq combats et fait 35 lieues en avant. Il allait envelopper l’armée de Kray quand lui parvint la nouvelle des préliminaires de Léoben.

À ce moment, un vent de réaction mettait en péril les conquêtes de la Révolution. Le Conseil des Cinq-Cents empiétait continuellement sur les attributions du Directoire, violant délibérément la Constitution de l’an iii. La situation se tendait de plus en plus. La question était de savoir si les Directeurs laisseraient le Conseil des Cinq-Cents rétablir la monarchie ou le préviendraient par un coup d’État.

Hoche, sondé par Barras, promit son concours. Sous prétexte d’une nouvelle expédition d’Irlande, il dirigea sur Brest 20, 000 hommes qui s’arrêtèrent à hauteur de Paris ; ses dispositions, divulguées par une maladresse de subordonnés, le compromirent devant le Conseil des Cinq-Cents, et ce fut Angereau qui exécuta le coup d’État du 18 Fructidor, qui écarta toute éventualité de restauration.

Hoche put alors se donner tout entier à sa tâche d’administrateur militaire des provinces rhénanes.

En lui donnant lee commandement de l’armée de Sambre-et-Meuse, le Directoire lui avait confié en même temps l’administration des territoires occupés par l’armée de Rhin-et-Moselle que commandait Moreau. La gravité de la situation motivait ces dispositions exceptionnelles. En effet, l’administration du pays, confiée à de nombreux fonctionnaires français, était devenue déplorable : l’introduction brutale des lois françaises et l’abus des réquisitions avaient commencé à nous aliéner l’esprit des populations qui nous avaient accueillis comme des libérateurs.

Avec un coup d’œil rapide et sûr, Hoche jugea la situation dès son arrivée. Il la signala au Directoire avec son indépendance habituelle :

« L’expérience doit nous avoir corrigés de notre manie de vouloir municipaliser l’Europe… On ne devient pas républicain en un jour… Lorsque vous voudrez introduire nos lois dans les pays conquis, ce qui ne sera peut-être qu’à la paix, il sera temps d’y envoyer des commissaires ; comme ils n’auront rien à demander, nul doute qu’ils ne réussissent, s’ils se comportent sagement. »