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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/148

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translation des cendres du général hoche.

satisfaisante dans un restaurant voisin d’un marché qui n’a pas l’air de souffrir de la disette et que surveille un garde urbain dont le casque à pointe nous salue cérémonieusement.

Le train nous reprend pour nous déposer à Metz, sauf quelques-uns qui, désireux de retrouver des souvenirs d’enfance, se sont arrêtés à Thionville et n’arriveront à Metz qu’une heure après le gros de la caravane.

Depuis Sierk, nous étions de nouveau en France, et la gare de Metz est maintenant pour nous une gare française. Si elle a conservé ses vastes proportions qui en rendent l’exploitation large et facile, elle a aussi conservé son architecture massive, avec ses prétentions à un monument plus ou moins gallo-romain, on ne sait, qui est bien ce que l’on peut imaginer de plus lourd et de moins approprié à sa destination.

Notre première visite nous porte vers la place d’Armes, où se dresse la statue de ce roturier Fabert, dont Louis xiv sut faire un maréchal de France. La Cathédrale, l’Hôtel de Ville, l’hôtel du gouverneur font à cette place un cadre harmonieux, et nous imaginons le spectacle qu’elle dut offrir, les acclamations dont elle dut retentir, en ces belles journées de décembre 1918 où la France vint y serrer sur son cœur la Lorraine retrouvée et reprise. Pour moi, que les circonstances avaient conduit à Metz le 26 juillet 1914, je m’attache à remettre mes pas dans l’itinéraire parcouru en cette journée qui était le dernier dimanche avant celui du 2 août, jour de la mobilisation. Je reprends cette rue Serpenoise que j’avais vue encombrée de militaires allemands de tout grade, circulant avec animation dans leur tenue du dimanche aux couleurs variées, rassemblés par groupes devant les vitrines des magasins pour y lire et commenter les dernières nouvelles. Je reconnais le petit magasin où j’avais pris un chocolat, servi avec des allurers qui m’avaient paru quelque peu françaises ; mais alors on ne pouvait pas s livrer à des épanchements ni à des confidences qui n’auraient pas été sans danger.

Et maintenant, quelques pas plus loin, nous voici sur l’Esplanade. Si nous y croisons des uniformes, ils sont des nôtres, et si la porte de notre ancienne École d’application, qui a vu passer tant de nos officiers d’artillerie et du génie, est gardée militairement, ce sont nos « diables bleus » qui fournissent le poste.