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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/166

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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

Paris et se dirigeant vers le nord-est[1]. La ville est sillonnée de Prussiens à pied et à cheval. Comme je rentrais chez moi, un régiment, musique en tête, arrivait sur la place d’Armes par l’avenue de Sceaux. Nous avons été panser nos blessés ce soir. Rien de nouveau ; on parle toujours d’armistice. Un de nos blessés est mort aujourd’hui.

Lundi 26.

En revenant de panser nos blessés, j’ai entendu proclamer dans les rues qu’il fallait porter à la Mairie toutes les armes à feu, fusils de guerre ou de chasse, pistolets, revolvers, et que ceux qui seraient trouvés détenteurs d’une de ces armes seraient emmenés en Prusse et condamnés à rester quinze ans renfermés dans une forteresse, même après la paix. On dit que cette nouvelle mesure vexatoire a lieu parce que le roi de Prusse va venir habiter Trianon et que l’on craint quelque mauvais coup de la part des Français. Ce matin, le prince royal de Prusse a passé une revue dans la cour du Château et a distribué des décorations aux troupes. Le défilé a eu lieu devant la statue de Louis xiv ! Le prince de Wurtemberg, qui loge chez Grosseuvre, hôtel des Réservoirs, a reçu deux blessures à la tête, hier, du côté de Saint-Cloud. On dit que c’est un franc-tireur qui l’a blessé ; c’est sans doute une des raisons qui fait prendre toutes les armes à feu….. Il circule dans la ville une foule de nouvelles, toujours au désavantage des Prussiens ; malheureusement, on ne sait rien de positif. On vient de terminer à la Mairie le dépouillement des bulletins de l’élection des conseillers municipaux. La liste de l’Union libérale et démocratique a passé tout entière. Dans les circonstances actuelles, c’était inévitable !…..

Mardi 27.

En revenant de panser nos blessés, je suis allé au Comité international des secours pour chercher ma carte de membres ; là, j’ai appris que la ville de Strasbourg avait capitulé. Un de nos pauvres blessés est mort aujourd’hui. L’élection de nos

  1. C’était la Ville de Florence, montée par Gabriel Mengin et Lutz ; ce ballon, parti du boulevard d’Italie à 11 heures du matin, atterrit à 2 h. 30 du soir, dans le bois de Vernouillet, près de Triel (Seine-et-Oise).