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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/167

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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

conseillers municipaux est nulle. Il paraît que cette nuit on a su officiellement que le gouvernement qui est à Tours avait remis à un autre temps les élections municipales et les élections de la Constituante. On dit que c’est parce que le gouvernement de Paris n’a pu s’entendre avec le roi de Prusse sur les conditions d’un armistice comme préliminaire de la paix. Il circule toutes sortes de nouvelles, mais la vérité, c’est qu’on ne sait rien.

Mercredi 28.

Aujourd’hui, dès le grand matin, une grande partie des Prussiens qui occupaient les casernes a quitté Versailles. Il se fait un grand mouvement de charrois. Versailles paraît décidément le lieu où s’amoncellent les provisions de l’armée étrangère. Toujours sans nouvelles. On parle d’une armée française qui serait du côté de Chartres. Je crains bien que toutes les armées qui, dit-on, viennent sur Paris soient plutôt dans le désir de ceux qui les annoncent qu’elles n’existent en effet. On désire tant une fin quelconque à notre triste situation. Les malheureux blessés que je soigne avec G… sont pour moi une distraction, bien cruelle sans doute, mais réelle à mes tristes pensées. Espérons en Dieu !

Jeudi 29.

En allant panser nos blessés, ce matin, j’ai rencontré un grand nombre de pièces de canon, dont les unes se dirigeaient vers Paris et d’autres sur le plateau de Satory. Qu’y a-t-il de nouveau ? Il est arrivé aujourd’hui les ambulances de la Presse. Les Prussiens les ont retenues prisonnières. Je crois cependant que ce n’est que momentané. M. Jeandel a fait paraître aujourd’hui dans son Journal de Versailles un article un peu hardi contre le roi de Prusse, ce qui a éveillé la susceptibilité de l’état-major. Un officier prussien est venu le chercher pendant qu’il était au Conseil municipal, de l’ordre du général commandant la ville, et l’a emmené prisonnier.

Vendredi 30.

On a entendu toute la matinée une vive canonnade. Il y a parmi les troupes prussiennes un grand mouvement, ainsi que