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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/176

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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

mon livre sur Versailles, il avait voulu saluer l’auteur. Il paraît fort instruit, particulièrement des choses du xviiie siècle. Il a parcouru avec admiration notre bibliothèque et s’est arrêté surtout à ce qui regardait la reine Marie-Antoinette et Mme du Barry. Il a toutes les manières d’un grand seigneur, avec la politesse d’un Parisien. J’aurais été très enchanté de sa visite si elle avait eu lieu dans d’autres circonstances, et surtout si son costume ne m’avait pas constamment rappelé que je parlais à l’un de nos ennemis…..

Vendredi 21.

Ce matin, on a entendu une assez vive canonnade ; on dit que c’est du côté de Garches. Toute la ville a été aujourd’hui en émoi. La canonnade de ce matin a repris avec plus de vivacité au milieu du jour et elle s’est tellement rapprochée de la ville qu’on aurait dit que c’était à ses portes. L’on se battait, en effet, entre Garches et Vaucresson. Toute la garnison prussienne de Versailles s’est portée de ce côté, avec de nombreuses pièces d’artillerie. Sur les 2 heures, le roi de Prusse, le Prince Royal, le général de Molke et leurs états-majors sont allés vers le lieu de la bataille. La ville était tout en mouvement ; la plupart des boutiques se sont fermées. Une masse de monde, hommes, femmes et Prussiens mêlés, se pressaient cour du Château, rue des Réservoirs, rue Duplessis, partout où l’on croyait voir quelque chose du côté du combat que l’on entendait parfaitement. Les Prussiens avaient fait fermer toutes les grilles de la ville ; un régiment était campé, avec armes et bagages, au milieu de la place d’Armes : deux pièces de canon braquées et prêtes à tirer étaient placées devant chaque avenue, de façon à les balayer en cas d’attaque ; enfin, toutes les précautions en cas de surprise étaient prises par eux. Vers 5 heures, le feu parut un peu diminuer ; sur la demande d’un officier prussien qui revenait du combat, les voitures de l’Internationale partirent pour se rendre à la Celle-Saint-Cloud. Enfin, tout bruit cessa à la nuit, sur les 6 heures du soir.

Samedi 22.

Il paraît qu’hier soir et cette nuit sont arrivées aux ambulances beaucoup de voitures de blessés prussiens. J’ai vu arriver