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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/199

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madame de pompadour

au Grand Quartier Général avec ordre de faire connaître au Maréchal le ferme désir du Roi de le voir garder une position aussi importante que celle d’Halberstadt. Après avoir conduit — et ce fut toute sa réponse — le nouveau venu autour de la place et lui avoir montré l’importance des travaux à entreprendre, Richelieu ne songeait plus qu’à évacuer Halberstadt et ses autres postes avancés pour faire prendre à ses troupes leurs quartier d’hiver, quand lui parvint, le 6 au soir, « l’avis d’une bataille donnée et perdue par Soubise en Thuringe[1] ».

IX

On sait — et il n’entre pas dans notre cadre d’en retracer le douloureux détail — cette fatale journée de Rosbach et les pénibles souvenirs qui s’attachent aujourd’hui encoree, bien qu’atténués par la connaissance approfondie des faits, à la mémoire du Prince de Soubise. Adjoints, à titre auxiliaire, à l’armée des Cercles de l’Empire, hordes indisciplinées et inaguerries, Soubise et les Français durent se résigner à une attaque qu’ils avaient déconseillée et qui, tournant dès le premier choc à la débandade des troupes Allemandes, obligeait notre cavalerie à tenter de sublimes et vains efforts, avec les deux régiments de Cuirassiers Autrichiens, pour arrêter la marche foudroyante des forces ennemies. Si paradoxal que cela paraisse, c’était moins le Prince de Soubise que le Maréchal de Richelieu qu’atteignait le plus directement la défaite de Rosbach. Le surlendemain de la bataille, les postes Français sur les limites convenues à Kloster-Sewen étaient subitement attaqués par les Hanovriens et, de toutes les conséquences que pouvait entraîner la perte de l’armée de Soubise, l’événement plaçait Richelieu dans une situation d’autant plus angoissante qu’il avait contribué à la créer par ses caprices et ses tergiversations. En sa hâte à s’enfourner avec la presque totalité de son armée dans le saillant d’Halberstadt, il avait omis de traiter avec le Landgrave de Hesse, les Ducs de Brunswick et de Saxe-Gotha, du désarmement, de l’entretien et de la dispersion des contingents en-

  1. Camille Rousset.