Aller au contenu

Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
madame de pompadour

gations. Sous le coup des difficultés qu’il voit s’élever contre l’accomplissement de nos obligations envers la Cour Alliée, l’idée d’une paix générale lui traverse l’esprit ; mais comment préparer l’Impératrice-Reine à s’y prêter, songe-t-il, sinon en travaillant à séparer, ce qui semble paradoxal au premier abord, les intérêts de l’Autriche de ceux de la France par une stricte application du traité dont il est l’auteur ? À cet effet, propose-t-il au Roi, d’accord avec Madame de Pompadour, d’envoyer à l’Impératrice, « pour être aux ordres absolus de la Cour de Vienne, qu’il s’agisse de défendre la Bohême, de se porter en Saxe ou de grossir l’armée de Silésie », le Prince de Soubise avec une vingtaine de bataillons, comme le Général qui avait été appelé au début de la guerre à commander les troupes promises à cette Princesse. En outre, il était d’avis de constituer ce corps, avant tout autre prélèvement sur notre armée nationale, à l’aide des contingents étrangers employés à notre service — y compris le corps Saxon que le Roi allait prendre à sa solde[1], — et de ne l’expédier en Bohême qu’aux mois de mai ou de juin, afin de permettre aux Courses de Versailles et de Vienne de procéder aux réparations de leurs pertes respectives. « Qu’importe à l’Impératrice — mandait-il à Stainville le 29 janvier — que M. de Soubise parte six semaines plus tôt ou six semaines plus tard, pourvu qu’il commande un grand corps[2]. » Rien de plus juste, mais les événements allaient réduire à néant l’ingénieuse combinaison.

(À suivre.)

Mis de Persan.

  1. Il s’agit là des prisonniers Saxons qui s’étaient évadés du camp de Pirna, où ils étaient retenus depuis l’occupation de leur pays par les Prussiens.
    Sous le commandement du Prince Xavier de Saxe, Comte de Lusace, frère de la Dauphine, promu Lieutenant-Général des armées du Roi le 11 août 1758, ces troupes furent incorporées, à la fin de la même année, à l’armée du Maréchal de Contades et prirent une part active aux opérations qui suivirent, notamment, en 1760, à l’armée du Maréchal de Broglie.
  2. Mémoires de Bernis.