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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/204

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bernis et la guerre de sept ans.

tout sang froid s’effondrant à la fois, comme le montrent les lettres de Bernis à Stainville, la situation ne pouvait guère s’éclaircir qu’au hasard des circonstances. Par bonheur, cependant, Soubise n’avait pas été suivi dans sa retraite, et après s’être séparé du Prince de Saxe-Hildburghausen à Friedberg, il s’était porté vers le nord-ouest, à Duderstadt, lorsqu’il fut avisé par un courrier d’avoir à se rabattre sur le Main, à travers la Hesse, et à rassembler ses débris à Hanau. Quant à Richelieu, on le revoyait à Versailles, aussitôt ses troupes établies dans leurs quartiers, grâce à une permission qu’il avait obtenue du Marquis de Paulmy, au grand désappointement de Bernis qui comptait sur lui pour assurer à nos armes la conservation du Hanovre et de la Hesse, et il fallut l’intervention du Maréchal de Belle-Isle pour rendre le congé définitif. À qui, dès lors, remettre le commandement de l’Armée ? Faute de mieux, on se retourna vers le Comte de Clermont, lequel acceptait la succession, le 8 février, sans grande chaleur à la vérité mais avec sa bonne humeur habituelle et sa foi constante en ses talents. Le 28 du même mois, le Marquis de Paulmy accompagnait Richelieu dans sa disgrâce, et le Maréchal de Belle-Isle assumait par dévouement au Roi, et avec l’assentiment des Ducs et Pairs — car ce n’était pas dans l’usage pour ces hauts dignitaires de la Couronne, — la charge du Département de la Guerre, avec Crémille pour adjoint.

On se ressaisissait peu à peu, mais, du côté de Vienne les difficultés ne subsistaient pas moins. Un mois après Rosbach, le 6 décembre, l’Armée Autrichienne était écrasée à Leuthen et la Silésie retombait au pouvoir du Roi de Prusse. Accablée par ces désastres successifs, l’Impératrice-Reine s’abandonnait, dans ses entretiens avec Stainville, à des accès de désespoir au milieu desquels Elle ne cessait d’en appeler, conformément à l’esprit des traités, à une coopération plus active de nos forces à la défense de ses États. Bernis, à qui s’adressaient ces objurgations, s’évertuait à rechercher les moyens de concilier les exigences de notre Alliée avec le rendement de nos facultés militaires et financières : embarras et dettes du Trésor, subsides à nos alliés et à des États neutres, faiblesse de nos effectifs, danger d’en détacher 25, 000 hommes, immensité des communications à garder, tout passe au crible de ses plus minutieuses investi-