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une lettre de ducis à larive.

la Biossière, au régiment de la Sarre, adressait à l’artiste un compliment en vers[1] :

Mortel qui réunis les charmes de la vie,
Adoré dans Paris, chéri de ta Patrie,
Sur ces bords fortunés où tu reçus le jour,
Chacun vient à l’envi célébrer ton retour.
Toutes les fleurs des champs qui naissent dès l’aurore
Seroient cueillies pour toi, s’il en étoit encore.
Le printems est passé, ses parfums, ses odeurs ;
Mais l’amitié pour toi règne dans tous les cœurs.
Tous les peuples divers t’adressent leurs hommages.
Des Rois, Princes, Sujets, tu reçois les suffrages ;
Toi qui reçus des Dieux de si dignes présens,
Un soldat pourroit-il t’offrir de pur encens,
Et sa muse guerrière, en ces jours précieux,
Pourroit-elle chanter d’un son mélodieux,
Avec les habitans de ces bocages sombres,
Réveiller les échos cachés parmi les ombres,
Te dire en tous les tems : toi seul as mérité,
Des Grâces et des Amours, leur immortalité.

En 1787, Larive joue à Marseille, où, le 24 mars, on lui adresse les vers suivants :

Les dieux présents à ta naissance,
En te comblant de leurs faveurs,
Ont embelli ton existence.
Oui, tu naquis sous les yeux des neuf sœurs.
Euterpe te donna la voix harmonieuse,
Phœbus mit dans tes yeux le feu de ses regards,
Et pour remplir ta destinée heureuse,
Melpomène à tes mains confia ses poignards[2].

Revenu à Paris, Larive, ayant été sifflé dans le rôle d’Orosmane, quitta la Comédie le 13 juin 1788.

Voici comment Grimm raconte l’incident[3] : « Le théâtre vient d’être troublé par la perte du sieur de Larive, qui, pour avoir été sifflé l’autre jour outrageusement, dans le rôle d’Orosmane, a renoncé totalement au théâtre. Quelques défauts que l’on pût reprocher à cet acteur, ce qui nous reste pour le remplacer est bien propre à justifier nos regrets. La nature lui avait

  1. Annonces et affiches et avis divers de la Généralité de La Rochelle, no 30, du 23 juillet 1784.
  2. Mémoires secrets, tome xxxiv, page 317.
  3. Correspondance de Grimm, tome xv, page 271.