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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/214

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une lettre de ducis à larive.

trouvât aussi des critiques ; le quatrain suivant, fait à Genève, en est la preuve :

Ah ! quel malheur m’arrive !
A dit Melpomène à Caron.
Le Kain a passé l’Achéron,
Mais il n’a point laissé ses talents sur la rive.

Larive, cependant, remporta de brillants succès dans cette ville en y jouant, en 1790, le rôle de Guillaume Tell[1].

Désirant vivement revoir sa ville natale et se faire applaudir par ses concitoyens, Larive vint, en 1784, donner des représentations à La Rochelle.

M. Georges Musset, qui prépare un grand travail sur le théâtre, les jeux et les fêtes à La Rochelle, a bien voulu me communiquer ses notes sur le séjour que Larive y fit en juillet 1784. Mon confrère possède les Mémoires manuscrits d’un négociant de La Rochelle, M. Lamberty ; j’en extrais ce qui suit :

« La Rive, premier commédien de Paris, fils de M. Mauduit, de cette ville, a donné dans cette ville douze représentations depuis le 7 jusqu’au 18 courant, chacune avec une grande affluence de mondes. Il est venu beaucoup de femmes des villes voisines. À peine les hommes ont pu trouver place ailleurs que dans le parterre. Le sieur Fierville[2], directeur de la Trouppe, lui accordait 400 l. par représentation quitte à luy. »

Mon confrère me communique le texte d’une poésie manuscrite conservée à la Bibliothèque de La Rochelle (Mss. no 117, 1er 7), où l’auteur anonyme repasse tous les rôles joués par Larive pendant son séjour et termine ainsi :

Larive, que ne puis-je exprimer par mes vers
Tes troubles, tes transports, tes mouvements divers,
Ton désordre sublime. Ah ! toi seul peux les rendre !
C’est trop peu d’en parler, il faut aller l’entendre.
Mais tu pars ! Quelques jours, abandonnant Paris,
Viens visiter encor ces lieux que tu chéris,
Où ton heureux talent, dont nous goûtons les charmes,
A reçu, pour accueil, le tribut de nos larmes.

À la fin d’une représentation, un soldat de la compagnie de

  1. J.-M. Besançon, Histoire du théâtre de Genève, pages 32, 53 et 54.
  2. Le véritable nom du directeur était, paraît-il, Ferville, et non Fierville.