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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/275

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dans la littérature contemporaine.

dins ne laissait pas insensible, qui les chantait déjà et qui devait un jour, fixer sa vie auprès de leurs ombrages.

Émile Deschamps, dès 1827, écrivait ces strophes dont, dix ans plus tard, la création du Musée des gloires françaises devait faire une étrange prophétie :

Voilà le solennel, l’abandonné Versailles,
Qu’ose seule habiter l’ombre du grand Louis.
Des fêtes d’autrefois mon cœur encore tressaille,
Je rêve… et les héros de Lens et de Marsaille,
Les dames, les seigneurs, sous mes yeux éblouis,
Tous, fantômes de gloire et de magnificence,
Repeuplent ce palais, solitaire cité,
Dont aucun roi vivant, dans toute sa puissance,
Ne peut remplir l’immensité…

Levez-vous donc, géants exhumés de nos fastes,
Morts anciens, jeunes morts, pressez-vous sur le seuil !
Héroïsme, génie, arts féconds, vertus chastes,
Hôtes sacrés, à vous ces olympes trop vastes,
À vous parcs et château, nations du cercueil.
Si jamais dans ce lieu, par un appel suprême,
Tout ce qu’a vu de grand la France est évoqué,
La gloire y fera foule, et dans Versailles même
L’espace, un jour, aura manqué !

Sous le second Empire, à l’exception des historiens et de quelques auteurs de romans historiques, les littérateurs se passionnaient peu pour Versailles : du moins, les meilleurs d’entre eux, et particulièrement les poètes parnassiens, venaient-ils souvent se réunir, boulevard de la Reine, chez leur aîné, l’illustre survivant de 1830, qu’ils vénéraient comme le plus accueillant des maîtres.

Un autre salon rassemblait vers le même temps l’élite des lettres et des arts : celui d’Augusta Holmès, dont la précocité intellectuelle et l’intuition esthétique tenaient du prodige, et dont le coup d’aile trop orgueilleux allait se briser douloureusement aux rudes épreuves de la destinée. Nous connaissons tout d’Augusta Holmès et de son entourage, grâce à M. Pichard du Page, qui a reconstitué, avec autant de perspicacité que de scrupuleuse documentation, cette passionnante vie d’artiste, magnifique, décevante et douloureuse.

Tandis qu’Émile Deschamps achevait à Versailles sa sereine