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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/274

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l’interprétation de versailles

Non : le poète prête seulement l’oreille aux confidences d’un vieux faune

Qui, de son front penché touchant aux branches d’arbres,
Se perdait à mi-corps dans sa gaine de marbre…

Ailleurs — Sunt lacrimæ rerum — il évoque les grandes heures de Versailles et leurs splendeurs évanouies :

Ah ! que Versailles était superbe
Dans ces jours purs de tout affront,
Où les prospérités en gerbe
S’épanouissaient sur son front !
Là tout faste était sans mesure ;
Là tout arbre avait sa parure ;
Là tout homme avait sa dorure :
Tout du maître suivait la loi.
Comme au même but vont cent routes,
Là les grandeurs abondaient toutes,
L’Olympe ne pendait aux voûtes
Que pour compléter le grand roi !

Vers le temps où naissaient nos pères,
Versailles rayonnait encor.
Les lions ont de grands repaires,
Les princes ont des palais d’or.
Chaque fois que, foule asservie,
Le peuple au cœur rongé d’envie
Contemplait du fond de sa vie
Ce fier château si radieux,
Rentrant dans sa nuit plus livide,
Il emportait dans son œil vide
Un éblouissement splendide
De rois, de femmes et de dieux…

(Les Voix intérieures.)

Les romantiques n’ont pas aimé Versailles, et rien n’est moins surprenant. L’ordonnance sévère et majestueuse de Le Nôtre concrétait tout ce que les nouveaux poètes s’ingéniaient à détruire. Au temps de Rousseau, déjà, elle apparaissait comme un vain asservissement de la nature ; en 1830, elle ne représentait qu’une mode désuète et son apparat ne se rehaussait pas encore du prestige que donnent plusieurs siècles aux grandes œuvres qui leur ont résisté.

Parmi les jeunes poètes qu’avait groupés le génie de Victor Hugo, il s’en trouvait un, pourtant, que la beauté de ces jar-