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dans la littérature contemporaine.

II

Pendant la période contemporaine, c’est-à-dire depuis 1870 jusqu’aux premières années du xxe siècle, deux courants se manifestèrent tour à tour dans la littérature française : ce furent le naturalisme et le symbolisme. L’un et l’autre eurent leurs détracteurs acharnés et leurs défenseurs enthousiastes. On lutta passionnément autour des Goncourt et de Zola, autour de Mallarmé et de Verlaine. Ces batailles esthétiques sont depuis longtemps apaisées, et les théories qui nous exaltaient voici quelque vingt-cinq ans ont cessé de susciter des polémiques, pour n’être plus que du domaine de l’histoire littéraire et de la critique pure. Les œuvres seules demeurent, et il en est de fort belles. On doit d’ailleurs reconnaître que les écrivains de ces deux groupes aux tendances opposées ont également et puissamment contribué à l’expansion intellectuelle de notre pays : dans le monde entier, partout où il y a une culture supérieure et une littérature active, ils furent lus, traduits, commentés et imités.

Les naturalistes, qui s’exprimèrent surtout dans le roman, se flattèrent d’introduire en littérature de nouvelles valeurs, en affirmant que tout ce qui est dans la nature est dans l’art. Les symbolistes, dont, au contraire, l’art se dégage systématiquement des contingences et des matérialités de la vie, révolutionnèrent la technique du vers et recherchèrent des rythmes nouveaux ou imprévus.

Il est intéressant de rapprocher aujourd’hui les pages que Versailles a inspirées aux uns et aux autres. En prose comme en vers, ces pages sont assez nombreuses pour constituer une belle sélection.

Flaubert, le grand Flaubert, qui a laissé des descriptions lumineuses et précises de Chambord et de Chenonceaux, et qu’ont ému les vieux donjons de Clisson et de Tiffauges, n’a pas accordé une seule ligne à Versailles. De même, Edmond et Jules de Goncourt ont à peine évoqué le cadre de leurs études historiques sur le xviiie siècle. Au temps de Flaubert et des Goncourt, Versailles n’avait pas reconquis sa juste place dans l’admiration des artistes.