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l’interprétation de versailles

pauvre Charles Bovary — et à beaucoup d’autres depuis Sganarelle. Le rôle de Rodolphe échoit au capitaine Robert de Ventujol, officier d’ordonnance du général commandant d’armes. Les comparses sont le président, les juges, le substitut du Tribunal de Versailles….. Le roman de M. Hennique, dut causer quelque émotion parmi les magistrats qui rendaient la justice à Versailles vers 1880.

Ce qui surprend dans ce livre, c’est le peu de place qu’y tiennent le château et le parc. On pourrait dire qu’il n’en est presque pas question, si l’un des premiers chapitres n’était une longue description, d’ailleurs très brillante, de la fête de nuit donnée chaque été au bassin de Neptune et qui, au temps du Maréchal de Mac-Mahon, avait lieu — M. Hennique nous l’apprend — le 25 août, fête patronale de Versailles. Le capitaine de Ventujol et Mme Hébert fuient la tribune officielle et vont s’isoler vers le bassin du Miroir et l’allée du Mail, d’où, pour eux seuls, le château s’éclaire aux reflets multicolores des fusées. — Par contre, tout le volume abonde en descriptions de la rue Saint-Pierre, de la rue Montbauron, qu’habite l’officier, des cafés qu’il fréquente, du boulevard de la Reine, où l’auteur place l’hôtel du ménage Hébert. L’aspect du Versaille d’il y a quarante ans y est fixé avec autant de couleur que de minutie. À ce titre, l’Accident de Monsieur Hébert restera, pour Versailles, une étude documentaire des plus intéressantes.

Après M. Léon Hennique, MM. Paul et Victor Margueritte entreprirent à leur tour de situer à Versailles un roman de mœurs contemporaines, le Jardin du Roi[1]. Ici, le décor si majestueux, si évocateur et si émouvant, participe d’une manière plus intime à l’action du livre. Le milieu versaillais qu’étudient les auteurs est peu indulgent pour leur aimable héroïne, Rose du Vernay ; celle-ci, après quelques décevantes épreuves, vit la plus touchante idylle de fiançailles parmi les salles historiques et les jardins fastueux. C’est en guidant la jeune fille à travers leurs splendeurs qu’Henri Sicard, architecte du domaine, s’éprend d’elle et parvient à s’en faire aimer. MM. Paul et Victor Margueritte sont eux-mêmes des guides

  1. Le Jardin du Roi ; Paris (Plon), 1992.