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l’interprétation de versailles

france, et qu’à chaque douleur correspond un regain de force. François comprend le conseil de raison ; il s’éloigne assagi et réconforté.

Une adolescence timide, fière, sensible et tourmentée, vite meurtrie au premier contact de la mêlée humaine, — tel est le sujet du roman de M. Jacques de Lacretelle, roman d’analyse, écrit sous forme autobiographique, la Vie inquiète de Jean Hamelin[1]. La première partie est située au Lycée de Versailles ; l’enfant à l’âme blessée fuit « les longs couloirs et les salles pareilles à des cellules » pour aller lire et rêver dans l’Allée d’Eau ou au Rond-Vert. Il s’y éveille ardemment à la vie sentimentale. Mais la confession de Jean Hamelin sera bientôt interrompue, au matin d’une attaque, dans les tranchées de Vauquois… La Vie inquiète de Jean Hamelin compte parmi les œuvres les plus poignantes qu’ait inspirées la Grande Guerre. Le Retour au Village, roman de M. René Bellanger[2], rappelle dans l’un de ses chapitres ce que furent le Château et le Parc pendant cette période héroïque[3]. Quelqu’autre romancier viendra sans doute, qui fixera pour l’avenir les heures angoissées et les grandes journées triomphales dont Versailles fut le témoin magnifique et frémissant.

De nombreux romanciers se sont efforcés de faire revivre Versailles dans la splendeur de son passé. Peu y ont mieux réussi que M. Henri de Régnier avec le Bon Plaisir[4], et que M. François de Nion avec les Derniers Trianons[5] : l’un évoque les fastes du Château au temps de Louis xiv, l’autre les grâces de Trianon autour de Marie-Antoinette. M. Louis Berrand, dans un superbe chapitre de L’Infante[6], restitue aussi la vie de la Cour de Louis xiv dans sa période la plus éclatante et les fêtes de la Victoire après la conquête de la Franche-Comté.

Par le culte qu’il garde à la grande mémoire de Flaubert,

  1. Paris (Grasset), 1920 ; in-12.
  2. Neuilly (Revue des Indépendants) ; s. d. [1920] ; in-12.
  3. À cette longue liste de romans modernes qui ont Versailles pour cadre, le lecteur n’aura pas manqué d’ajouter les deux œuvres d’une forte beauté de M. Marcel Batilliat lui-même : Veersailles aux Fantômes (Paris, Mercure de France, 1902) et la Liberté (Paris, Fasquelle, 1913) [N. D. L. R.].
  4. Paris, Mercure de France, 1902 ; in-12.
  5. Paris (Fasquelle), 1899 ; in-12.
  6. Paris (Fayard), 1920 ; in-12.