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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/289

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le site et la croissance de versailles.

et on monte encore doucement jusqu’à 130 mètres pour atteindre la place d’Armes. Et si, de la terrasse du Château, à 140 mètres, on contemple le vaste horizon vers Saint-Cyr, on voit le canal à 110 mètres et on retrouverait la cote 100 sur le rû de Gally, non loin du mur de clôture du Grand Parc.

Mais regardons Versailles du plateau de Satory : nous voyons la ville à nos pieds, dans une large cuvette dominée au nord et au sud par les forêts des plateaux boisés, au sol d’argile et de meulière, qui atteignent 180 mètres aux portes mêmes de la ville. Ces deux plateaux, très rapprochés à l’est de la ville (l’étroit couloir de Viroflay n’a pas plus de 1 km. 500), s’éloignent d’abord un peu l’un de l’autre en allant vers l’ouest, et encadrent ainsi les plaines de Montreuil et de Porchefontaine (3 km.) ; un moment, ils se rapprochent entre la butte de Picardie et le bois des Gonards (2 km.) ; mais ils se séparent bientôt définitivement, le bord du plateau nord décrivant un vaste hémicycle, et, à la limite ouest de la ville, ils sont écartés de plus de 4 kilomètres, dessinant déjà le pourtour de l’ample vallée du rû de Gally.

Versailles est donc assise sur un seuil, point de partage des eaux[1], à la fois plateau et cuvette, à l’endroit où s’épanouit le couloir de Viroflay et où les coteaux boisés qui limitent l’horizon au nord et au sud commencent à s’écarter, mais point trop encore, comme pour laisser juste la place à une ville. Ce seuil lui-même n’est pas un plateau uniforme[2], mais un ensemble varié ; il se compose de deux étages de terrain, dont le premier forme trois buttes et le second trois dépressions. L’étage supérieur, sablonneux, forme les buttes Saint-Antoine, du Château et Montbauron, qui s’abaissent, par des pentes également sablonneuses, vers l’étage inférieur, marneux et marécageux, couvert à l’origine de ces ruisseaux et étangs qui ont valu à Versailles l’épithète de « cloaque », alors très méritée. Ces marnes forment trois cuvettes, au sud de chacune des trois

  1. Les eaux des plaines de Trianon, de Glatigny, du Mail et celles du Parc vont vers l’ouest, à la Mauldre, par le rû de Gally ; celles des plaines de Montreuil et de Porchefontaine vont vers l’est, à la Seine, par le rû de Marivel qui suit le couloir Viroflay-Chaville-Sèvres.
  2. On s’en rend bien compte en contemplant le beau panorama de Versailles du haut de la sablière de Viroflay.