Aller au contenu

Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
le site et la croissance de versailles.

quelques hôtels en bordure de l’avenue de Saint-Cloud et quelques rues peuplées d’hôteliers, de cochers et de laquais ;

2o Entre les avenues de Paris et de Sceaux, l’hôtel de Limoges, baraques de terrassiers et maçons limousins, employés à la construction du Château et de la ville.

Les rues Montbauron et Saint-Martin, alors larges avenues plantées d’arbres, formaient de ce côté la limite orientale assignée à la ville, au pied de la butte Montbauron.

Pendant que le petit village de Versailles était remplacé par une ville, le caractère de sa population changeait du tout au tout. Les villageois, dépossédés par les expropriations et perdant une source de bénéfices parce que le chemin des bœufs de Normandie ne traversait plus Versailles, émigraient ou s’adaptaient à la vie urbaine ; comme tant de nobles, ils s’habituaient à vivre de la Cour au lieu de vivre de la terre : « le séjour ordinaire du Roi », disait-on de Versailles, « y fait subsister ses habitants ». Cette transformation rapide d’une population rurale en population urbaine accompagna et précéda même la création de la ville[1]. Et cette population tendit vite à devenir trop nombreuse et trop turbulente, — le contraire de ce qu’elle a été depuis. Elle comprenait beaucoup de gens qui vivaient du luxe et des vices de la Cour et des étrangers : spéculateurs en terrains, mercantis et parasites de tous genres, porteurs de chaises, mendiants, voleurs, beaucoup d’éléments « indésirables », devaient pulluler à l’ombre de la Cour, donner du mal à la police et constituer un milieu favorable aux émeutes. On s’explique ainsi le désir manifesté par Louis xiv vers la fin de son règne, et plusieurs fois exprimé officiellement sous Louis xv et Louis xvi, d’enrayer cet accroissement que la royauté avait d’abord encouragé et qu’elle jugea vite suffisant et même dangereux.

IV. — Versailles au xviiie siècle.

Mais elle l’avait trop favorisé, d’abord par ses encouragements directs, puis par sa seule présence, pour pouvoir désormais l’arrêter, et l’absence de la Cour sous la Régence (1715--

  1. C’est un des points que Mlle Foncin a le plus heureusement mis en lumière.