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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/321

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augusta holmès.

La Patrie adorée au tout-puissant génie
Te presse avec amour sur son cœur glorieux.
Sois par nous acclamée et par elle bénie
Et puisse ton étoile illuminer les cieux.

Saint-Saëns se maria. Puis, il devint à travers le monde le grand errant que l’on sait. Les relations nécessairement s’espacèrent, mais, loin d’avoir gardé rancune à la jeune fille, il ne lui ménagea pas par la suite les marques d’une affection fidèle et dévouée.

La guerre avait eu pour effet de disperser la petite cour de la rue de l’Orangerie. Mendès avait fait partie des compagnies de marche et y avait été le camarade d’Henri Regnault et de Georges Clairin. Il avait été entre temps nommé inspecteur des ambulances et Augusta Holmès avait pris du service comme ambulancière. Irlandaise d’origine, mais Française d’adoption et de cœur, on peut justement dire d’elle qu’elle eut deux pays : « le sien et puis la France ». Elle frémit devant nos épreuves, regrettant de n’être en ces circonstances tragiques qu’un rêver et une femme[1]. Et son premier soin, le jour où elle eut atteint ses vingt-cinq ans, fut de se faire naturaliser Française[2].

Elle n’en demeura pas moins une fervente wagnérienne et fut, en 1876, au nombre des premiers pèlerins de Bayreuth, en compagnie de quelques autres personnalités du monde musical ou artistique, littéraire ou journalistique : Fantin-Latour, Judith Gautier, Vincent d’Indy, Saint-Saëns, Schuré, Widor, etc…

De retour à Paris, où elle se fixa définitivement après la

  1. « Voici, — écrivait-elle à Émile Deschamps lors de l’armistice, — le calme, le travail, le repos. Que d’inquiétudes, de misères, de privations et d’effrois et de regrets j’ai eus tous les jours. Et j’étais doublement inutile dans ces moments d’action matérielle, moi rêveur, moi femme… Cher Maître, du fond de votre retraite glorieuse, serrez-nous la main à nous qui restons. À nous de travailler, de chercher, de souffrir, jusqu’à ce qu’à force d’efforts, à force de douleurs peut-être, nous ayons rendu à la France, à la mère meurtrie, une parcelle de sa couronne de rayons… »
  2. « Je suis née à Paris, de parents irlandais. Mais je suis Française de cœur, vous n’en doutez pas, et d’adoption, puisque j’ai obtenu, après la guerre, mes lettres de grande naturalisation. » (Lettre à M. Fromageot, déjà citée.)