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chronique.

Un grand pastel de Joseph Boze (1755-1826) introduit à Versailles l’effigie souriante et aimable de Mme Campan, née Genêt (1752-1822), « femme de chambre de la Reine », à qui ses Mémoires, le rôle qu’elle s’attribue auprès de Marie-Antoinette et son enseignement ont assuré une véritable renommée. Le portrait représente la « lectrice » à mi-corps, une brochure à la main, appuyée à une console, en riche costume garni de dentelles, la coiffure ornée de plumes blanches. Signée et datée de 1786, l’œuvre est pleine de charme et d’éclat ; l’artiste a marié avec virtuosité les tons blancs et gris qui composent l’harmonie des vêtements, de la coiffure et des fonds. Le paster a été acquis chez un descendant de Mme Campan.

Mme la marquise de Ségur a très gracieusement abandonné son droit d’usufruit sur les œuvres léguées par son mari, et a permis au Musée d’en prendre possession dès maintenant. Le legs important du marquis Pierre de Ségur se compose de cinq pièces. Le portrait du marquis Philippe-Henri de Ségur (1724-1801), ministre de la Guerre en 1781, maréchal de France en 1783, œuvre de Mme Vigée-Lebrun ; le maréchal est vu à mi-corps, en son costume militaire, tenant le bâton fleurdelisé ; c’est une œuvre vigoureuse et forte où se marque l’influence anglaise que subissent alors nombre de nos portraitistes. Il existe un autre exemplaire de ce portrait ; leur confrontation seule permettrait de juger leur valeur respective. Deux dessins aquarellés de Carmontelle, pleins d’esprit et de finesse dans leur gaucherie savoureuse ; la marquise de Ségur, femme du maréchal, dssinée en 1763, et la comtesse de Ségur, mère du maréchal, avec son petit-fils le vicomte Joseph-Alexandre de Ségur, dit le « Petit Gaillard ». Un dessin curieux à l’encre de Chine, œuvre d’un certain Pideau en 1785, exécuté à Saint-Pétersbourg, représentant le comte Louis-Philippe de Ségur (1753-1830), alors ambassadeur en Russie, dans son cabinet. Le personnage est figuré en silhouette, le mobilier est intéressant par son style. Enfin, le portrait peint de la comtesse de Ségur, née Sophie Rostopchine (1799-1874), représentée jeune encore ; c’est l’auteur des célèbres récits qui ont charmé tant de générations enfantines.

À côté de ces peintures, l’on verra avec intérêt une grande toile représentant la bataille de Rocroi, gagnée sur les Espagnols par le Grand Condé, composition rétrospective exécutée