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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/348

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dans la littérature contemporaine.

La première à s’enfuir est l’âme des tilleuls.
Ils brodent sur les eaux l’or vivant des linceuls
Dont la pompe funèbre automnale se feutre.

Les marbres sont souillés, les arbres sont rouillés ;
Et d’un étrange élan énigmatique et neutre,
Eux-mêmes, les Tritons se sont agenouillés.

Au début du xxe siècle, Versailles attire et retient tous les poètes. Beaucoup y cherchent non plus une passagère sensation d’art, de mélancolie ou d’émerveillement, mais un enseignement, une véritable formation intellectuelle et mentale.

Tel est M. Paul Souchon.


À VERSAILLES[1]

Ô Versailles, par toi j’ai compris la beauté
De cette Île-de-France où se plaît la clarté.
J’ai vu tes pièces d’eau s’emplir d’une lumière
Vaporeuse et j’ai vu descendre tout entière

La grande paix du soir sur tes bois dépouillés.
L’Automne avait jeté sa gloire sous mes pieds ;
J’allais, foulant le marbre ou bien l’herbe royale,
Incertain si dans l’ombre une figure pâle,

Déesse, reine ou dieu, ne m’avait appelé.
L’amer parfum des buis dans l’air était mêlé
Au silence des eaux, des arbres, du ciel blême,

Et je chantais, strophe après strophe, le poème
Que ces ondes, ce ciel, ces cyprès et ces buis
Déroulent devant toi, blanc palais de Louis.

M. André Foulon de Vaulx, le plus tendre peut-être et le plus mélancolique des amants de Versailles, a écouté les voix des fontaines, et médité à l’ombre des voûtes augustes du Parc. Nul n’a plus noblement que lui ressenti l’émotion qui s’en dégage. Sous l’inspiration de Versailles, il a écrit la plupart des poèmes qui composent ses volumes : l’Allée du Silence, la Fontaine de Diane, la Statue mutilée[2].

  1. La Beauté de Paris ; Paris (Mercure de France), 1904 ; in-12.
  2. Paris (Lemerre), 1904, 1910 et 1907 ; 3 vol. in-12.