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le site et la croissance de versailles.

À cet élément il faut ajouter ceux que valut à Versailles sa qualité de garnison, de préfecture, et surtout de centre de tourisme. La garnison comptait en 1911 environ 8, 000 hommes, ce qui est beaucoup pour la population de la ville[1], et, de plus, beaucoup de Versaillais vivent plus ou moins de sa présence. Les rues du quartier Satory montrent bien par leurs magasins, leurs restaurants, leurs bazars, leurs tailleurs et leurs photographes, l’importance de l’élément militaire à Versailles ; il contribue beaucoup à maintenir la population et l’animation de tout un quartier, celui-là même qui ne s’est pas étendu depuis le xviiie siècle, et il faudrait ajouter pour toute la ville le nombre appréciable d’employés et de fonctionnaires fixés à Versailles, parce qu’elle est préfecture et centre administratif.

Mais le tourisme est un facteur bien plus important. Le nombre de gens qui viennent voir Versailles, même les jours de semaine, en toute saison et par tous les temps, s’était déjà beaucoup accru avant la guerre ; pendant la guerre, nous avons vu défiler des bataillons compacts de touristes et de soldats anglais et américains ; avec la paix, l’afflux des visiteurs semble reprendre et aller croissant. Or, ajoutés à ceux qui viennent pour la belle saison, tous ces visiteurs, clientèle modeste ou de luxe, attirés par la facilité des communications avec Paris et le regain de mode dont l’histoire, l’art et le paysage de Versailles ont bénéficié dans ces dernières années, contribuent beaucoup à la prospérité économique de la ville[2], prospérité indispensable à l’accroissement et même au maintien de la population versaillaise. Puisque l’industrie n’a jamais pu s’implanter à Versailles, malgré les essais éphémères tentés surtout aux périodes de déclin[3], c’est avant tout pour la villégiature et le tourisme sous toutes leurs formes qu’elle maintient son accroissement et qu’elle s’est donné, parmi les grandes villes de France[4], une physionomie

  1. La garnison, désertant les vieilles casernes historiques, mais insalubres, habite de plus en plus sur le plateau de Satory, une véritable cité militaire qui ne reflue sur la ville que le soir et le dimanche.
  2. Le nombre croissant des commerçants de l’alimentation, des agences de location et surtout des marchands d’antiquités depuis une trentaine d’années est, à cet égard, très significatif.
  3. Sous la Régence, horlogerie ; sous la Révolution, manufacture d’armes ; dès 1800, le Préfet constate la stagnation presque complète de l’industrie à Versailles.
  4. Versailles est la trente-deuxième ville de France ; sur les trente et une qui la précèdent, quinze ont plus de 100, 000 habitants, seize entre 60, 000 et 100, 000.