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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/378

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augusta holmès.

le Combat de Saint-Patrick, le culte qu’elle avait toujours gardé au saint patron de l’Irlande, semblent avoir été au nombre des éléments déterminants de son orientation nouvelle. J’emprunte à M. Léon Séché, en l’abrégeant, le récit des faits qui la manifestèrent.

Quelques jours avant la représentation de son ouvrage, elle pria le Père Hardy, directeur du Collège des Irlandais, d’y assister. Celui-ci, empêché, s’excusa, mais, touché de la démarche, il retint longuement l’artiste dans son cabinet. Il était alors très lié avec le supérieur de la Mission anglaise de l’avenue Hoche, le Père Mickaël, qui connaissait fort une jeune Irlandaise, mariée depuis peu à un Français : M. Desvéaux-Vérité. Le Père Hardy se fit présenter à elle et n’eut plus grande hâte que de lui demander des renseignements sur Mlle Holmès. Mme Desvéaux s’enquit et rapporta au Père les détails qu’elle avait pu recueillir. Celui-ci, devinant qu’une action pourrait être utilement tenté sur cette âme égarée, supplia Mme Desvéaux de l’aider dans cette œuvre de conversion. La jeune femme promit son concours et, quelques jours après, étant allée voir Mme Augusta Holmès sous un prétexte quelconque, elle la trouva dans le feu de la composition de la Montagne Noire, mais arrêtée dans son travail par les douleurs qui lui paralysaient le bras. Tel fut alors, au rapport de M. Séché, le dialogue qui se serait échangé entre les deux femmes :

« Vous devriez, dit Mme Desvéaux, vous recommander à saint Antoine de Padoue !

— Qu’est-ce que c’est que ce saint ? répliqua Mme Holmès, c’est la première fois que j’entends prononcer son nom.

— C’est un saint très puissant et que je n’ai jamais invoqué en vain.

— Ah ! et comment faire pour l’invoquer ?

— C’est très simple : allez aux Batignolles, où il y a une chapelle qui lui est dédiée, et brûler-lui un cierge.

— Oh ! s’il ne s’agit que de cela !

— Pardon ! il faut avoir confiance en lui, par conséquent le prier de tout votre cœur. Allez-y, sans plus tarder ; de mon côté, je vous promets de le prier pour vous !

— Est-ce que ce sera long ?