Croiriez-vous qu’il y a à Versailles des Français qui se plaignent de ce qu’il n’y ait pas plusieurs bureaux où l’on puisse acheter le Moniteur officiel de Seine-et-Oise ?
Les photographes sont peut-être les seuls Versaillais qui n’aient point souffert de l’occupation ; tous ont été très occupés et tous ont vu s’épuiser leurs produits chimiques.
Jeudi, tous les officiers et presque la totalité des sous-officiers d’un régiment qui défilait avenue de Sceaux saluaient un passant, un gros monsieur ayant une trentaine d’année. Ce monsieur, qui avait le brassard des ambulances, était un banquier suivant les armées. Ce monsieur offre, du reste, de l’argent à tous ceux qu’il sait être dans l’embarras, sans distinction de nationalité.
Un colonel prussien, à Bailly, ayant besoin de bougie, recommande à son ordonnance de lui en acheter, et comme le soldat fait savoir qu’il n’a plus d’argent : « Prends cette pendule, dit le colonel, et vends-la pour acheter de la bougie. »
Un individu que j’ai toujours considéré comme raisonnable jusqu’à aujourd’hui n’a pas hésité à me déclarer que, d’ici à quelques jours, je verrais un mouvement républicain en Prusse et que M. de Bismarck serait élu Président de la République des États confédérés de l’Allemagne du Nord.
C’est à en devenir fou !
On comprendra peut-être la situation qui nous est faite quand on saura que nous somme malheureux, alarmés de ne plus entendre depuis plusieurs jours le bruit du canon. Notre pauvre système nerveux est bien surexcité, ou du moins, je le pense, quand je vois cette musique prussienne, que nous avons tous admirée dans les Kursaals de Bade, Ems, etc., etc., nous