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Page:Revue de l’Orient, tome 5.djvu/282

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exécution, et, à présent encore, le gouvernement coréen fait scrupuleusement remplacer ceux des otages qui viennent à mourir.

La guerre que les Coréens eurent à soutenir contre la Chine a été causée par le refus qu’ils firent de se raser la tête et d’adopter le costume introduit dans ce vaste empire par la dynastie tartare qui règne aujourd’hui. Leur ancien costume, le même qu’ils portent encore à présent, se ressent beaucoup de la simplicité de leurs mœurs, ou, pour mieux dire, de l’état d’enfance dans lequel sont presque tous les arts en Corée, ceux même qui ont le plus de rapport avec les premiers besoins de l’homme. Imitateurs des Chinois dans quelques points de leur toilette, les Coréens ne portent aussi pendant les chaleurs qu’un seul habit, servant tout à la fois d’habit de dessus et de dessous. La forme de cet habit est à peu près celle de nos chemises d’homme, si ce n’est que, sur le devant, il est ouvert du haut en bas, et d’une ampleur suffisante pour qu’on puisse le croiser en guise de fichu, et l’attacher au moyen d’un cordon sous le bras gauche. Pour nous, qui voyons chaque jour notre costume se modifier sous l’empire de la mode, cet inexorable tyran de la société civilisée, il paraîtra insignifiant de remarquer de quel côté on croise l’habit ; mais pour les peuples de l’Asie orientale, c’est un trait caractéristique par lequel ils se distinguent, et qu’il est d’autant plus important de signaler en ethnographie, qu’on peut s’en servir comme d’un jalon fort sûr dans les recherches sur l’origine et les affinités des différentes branches de la race mongole.

Nous voyons, en effet, que, sous la dynastie Tsi, les Chinois désignaient les barbares qui erraient au nord-ouest de l’empire par la singulière périphrase de peuples qui boutonnent leur habit sous le bras gauche, par opposition à la coutume où étaient dès lors tous les habitants de la Chine proprement dite de se boutonner à droite. Cette circonstance, jointe à plusieurs autres dont il sera question plus tard, me paraît de nature à prouver que la Corée, et probablement aussi le Japon, ont été peuplés par des colonies mongoles, venues des steppes de l’Asie centrale, je veux dire du grand plateau compris entre les deux immenses chaînes de l’Altaï et de l’Hymalaya.

Pour en revenir au costume coréen, l’espèce de chemise dont nous avons parlé, dans les circonstances ordinaires de la vie, ne descend que jusqu’aux genoux ; elle a des manches étroites, et ne dépassant pas la longueur du bras ; mais dans les visites et aux cérémonies civiles ou religieuses, on la porte beaucoup plus longue et plus simple. C’est alors une vraie toge dont les pans descendent jusqu’aux pieds, et dont les manches excessivement larges ont une fois et demie la longueur du bras. L’habit de cérémonie que les Chinois portent pendant l’été ressemblerait assez à la toge coréenne, s’il était muni, comme celle-ci, d’un collet droit qui protège le cou. Des pantalons fort larges, n’offrant sur le devant ni pont, ni ouverture quelconque, forment la seconde partie du costume coréen. On les maintient autour des reins au moyen d’une ceinture aisée à défaire, et, à mi-jambe, on les fait entrer dans les bas, afin qu’ils ne gênent pas la marche. Les bas