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périr l’excédant de leur population, sans s’occuper de la graine qui doit renouveler bientôt la génération détruite. Quelques physiologistes ont pensé que, si la vermine est si générale chez les peuples asiatiques, cela tient à la nature de leur peau et des excrétions cutanées qui, chez eux, semblent offrir des caractères particuliers. Pour moi, je crois que la malpropreté en est la seule cause, car les Européens qui, allant dans l’intérieur de l’empire, sont obligés d’adopter le costume et les habitudes chinoises, ne tardent pas à être envahis aussi par ces horribles parasites. Et sans aller si loin, ne verrait-on pas la même chose en Europe, si on y portait la même chemise plusieurs semaines ou plusieurs mois, comme cela se voit fréquemment en Chine et en Corée.

Parmi les traits qui caractérisent les peuples de l’Asie orientale, je veux dire les peuples appartenant à la race sino-mongole, il n’en est peut-être pas de plus saillant et de moins remarqué jusqu’à ce jour que l’absence du génie architectural, ainsi que du penchant à élever des édifices durables et grandioses. Ce besoin, si puissant chez toutes les autres nations, tant anciennes que modernes, d’élever à grands frais des monuments impérissables et des maisons solides, élégantes et commodes, est tout à fait inconnu aux Chinois, aux Annamites, aux Japonais et aux Coréens particulièrement.

En entrant pour la première fois dans une ville coréenne, on est tenté de demander où sont les maisons ; en effet, les rues sont formées par des murs en pisé ou en bambou assez élevés, qui dérobent entièrement la vue des habitations particulières auxquelles ils servent d’enceinte. Chaque famille a son enclos particulier qui, la séparant entièrement de ses voisins, lui permet de goûter les douceurs de la solitude au centre même de la ville. En pénétrant dans ces enclos, on trouve invariablement une cour ou aire plus ou moins vaste, dont le milieu est occupé par la maison du propriétaire, et les côtés sont encombrés de bois à brûler, de meules de grains, d’instruments aratoires, de cabanes pour les animaux domestiques, etc.

La maison est toujours construite avec la plus grande simplicité : quatre murs de 8 à 10 pieds de hauteur, sur lesquels s’élève un toit en chaume à 45° d’inclinaison ; voilà l’extérieur. L’intérieur se compose d’une seule pièce sans plafond, dans laquelle les pauvres établissent un compartiment avec des nattes lorsqu’ils ont quelque malade à isoler. Les riches multiplient les pièces en construisant plusieurs maisons adossées de manière que l’on puisse aller de l’une dans l’autre sans quitter l’abri du toit.

Entre le plancher et le sol on laisse, dans toute la largeur de la maison, et sur une hauteur d’environ 2 pieds, un espace vide formant une espèce de four destiné à chauffer l’appartement pendant les rigueurs de l’hiver. Sur un des côtés de la maison, une ouverture semi-circulaire aboutit dans cette cavité : c’est par là que pénètre la chaleur pendant qu’on y fait la cuisine. Du côté opposé, un petit soupirail, ménagé près de terre, donne issue à la fumée. Sur le devant de la maison, un prolongement du toit, soutenu par quelques piliers, forme une espèce de porche ou d’abri, sous lequel on peut prendre l’air dans les temps pluvieux. Comme il n’y a pas de marches in-