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Page:Revue de l’Orient, tome 5.djvu/285

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termédiaires et que la porte d’entrée est de niveau avec le plancher, c’est-à-dire à 2 pieds au-dessus du sol, on est obligé de lever le pied assez haut pour entrer dans la maison. C’est sans doute à cause du raccourcissement du corps produit par ce mouvement que l’ouverture de la porte n’a pas la hauteur d’un homme.

L’ameublement des maisons coréennes est de la plus grande modestie : une ou plusieurs malles pour serrer les habits, un rayon pour mettre des livres, une petite table sur laquelle on mange, voilà à peu près tout le mobilier : il n’y a ni lit ni chaise : le Coréen s’assied par terre, en croisant les jambes à la mode des tailleurs ; il couche également par terre, en été, pour être plus au frais, et en hiver, afin de mieux concentrer sous ses couvertures la chaleur communiquée au plancher par le four dont nous avons parlé plus haut. Malgré leur simplicité, disons mieux, leur pauvreté, les maisons coréennes respirent à l’intérieur un certain air de propreté dont manquent bien souvent les maisons chinoises. Les murs sont tapissés de papier blanc que l’on renouvelle aussitôt qu’il est terni. Le plancher est couvert de nattes, dans toute la largeur de l’appartement, et on se souvient que les nattes coréennes sont d’une beauté remarquable. Dans la crainte de salir l’intérieur de la maison, on a soin de quitter ses souliers avant d’entrer, et de venir à la porte toutes les fois qu’on a besoin de cracher ou de se moucher.

À la grandeur des dimensions, et à la solidité près, toutes les maisons en Corée sont construites sur le plan que nous venons de décrire, sans en excepter les palais des grands du royaume et celui du roi lui-même. Comme en Chine, on y a l’habitude de ne pas construire d’étages au dessus du rez-de-chaussée, dans la persuasion qu’à une certaine élévation du sol l’air est très-malsain. Je ne sache pas qu’en Europe on ait remarqué une différence de salubrité en faveur des étages inférieurs. Il se pourrait cependant que la pesanteur spécifique de certaines émanations propres au sol de la Chine et de la Corée justifiât l’opinion admise de temps immémorial par les trois ou quatre cent millions d’individus qui habitent ces vastes pays.

Comme dans toutes les autres contrées de l’Asie, le riz fait en Corée la base de la nourriture : mais, avec cette différence, qu’au lieu de le faire cuire à la vapeur et de le manger presque sec, comme cela se fait en Chine et dans l’Inde, les Coréens le font bouillir dans une grande quantité d’eau que l’on garde pour boire pendant le repas. Les mets qui accompagnent ce pain asiatique se composent, suivant les fortunes, de viande de porc, de chien, de bœuf, de poules, de pigeons, de canards, d’oies, de poissons, de rats et de légumes : parmi ces derniers on compte la moutarde blanche ou pe-tsaï des Chinois, les choux-fleurs, de gros navets que l’on fait macérer dans de la saumure, des piments et plusieurs espèces de légumineuses.

Quant au mode de préparation de ces différentes substances, les Chinois et les Coréens sont tout à fait en opposition de principes avec nous. Il est généralement admis en Europe que la viande bouillie, ayant abandonné à l’eau la plus grande partie de son osmazôme, est bien moins substantielle et