Page:Revue de l’Orient, tome 5.djvu/293

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La religion bizarre qui, semblable à l’arbre des Banians, s’est enracinée partout où s’est étendu son ombrage, le bouddhisme est en Corée, comme en Chine, la religion de la majorité. Elle y a ses pagodes, ses bois sacrés, ses bonzes et ses cérémonies ; mais elle y est aussi beaucoup moins raisonnée que dans l’Inde, et entourée, plus que partout ailleurs, des superstitions les plus grossières. Combien de Coréens, pleins de sens pour toute autre chose, viennent vous affirmer, de conviction, que tel magicien leur a fait voir le diable ; que tel autre les a conduits promener dans l’enfer ; qu’il est de ces magiciens dont le pouvoir est assez étendu pour transporter soudain leurs clients jusqu’aux extrémités du monde ; que d’autres peuvent faire apparaître à volonté tous les rois de l’univers, ou telles personnes habitant les pays les plus lointains, etc., etc.

De croyances aussi ridicules résultent des pratiques superstitieuses sans nombre, que mettent à profit ceux dont le métier est d’engraisser aux dépens de la crédulité publique. Les bonzes, les sorciers, les astrologues, les tireurs d’horoscopes, les diseurs de bonne aventure, tous ceux enfin qui savent donner à leurs simagrées un air mystérieux ou surnaturel réussissent parfaitement auprès des Coréens. Il n’y a pas encore longtemps qu’ils réussissaient également auprès de peuples moins barbares !

Dès le xvie siècle, le christianisme a tenté de pénétrer en Corée par la voie du Japon, sans avoir obtenu des résultats dignes de fixer l’attention. Ces tentatives ont été renouvelées sous l’empereur Kang-Hi sans de plus grands succès.

Au commencement de ce siècle, un jeune Coréen ayant embrassé la religion chrétienne pendant son séjour à Pékin, où il était venu en ambassade, devint, pour ainsi dire, l’apôtre de son pays. À peine de retour en Corée, il commença à prêcher les dogmes qu’on lui avait appris en Chine, et en peu de jours il parvint à convertir un grand nombre de ses compatriotes. Chez un peuple ennemi de tout ce qui est étranger, une religion aussi nouvelle et aussi contraire aux passions devait rencontrer de grands obstacles et succomber dans la lutte. C’est ce qui eut lieu : l’autorité s’empara du néophyte prédicateur et de ses disciples ; elle les soumit aux tortures les plus cruelles pour leur arracher le désaveu de leur croyance, et les trouvant décidés à y persévérer, elle noya dans leur sang le germe de la religion naissante.

On suppose bien que l’Église catholique ne se donna pas pour battue. Convaincue, au contraire, que le sang des martyrs est une graine féconde de nouveaux chrétiens, elle songea à employer des moyens plus efficaces pour la culture de cette vigne presque détruite par la tempête, et rien ne