ou même des reproches sur l’administration du royaume tributaire, mais ce ne sont en général que des actes de pure forme, renouvelés de temps à autre, pour maintenir, au moins en apparence, le droit de suzeraineté.
En principe, la Corée, le Tonkin et la Cochinchine, le Camboge et Siam se reconnaissent comme tributaires de l’empereur de Chine ; mais toutes les fois que celui-ci a voulu faire peser matériellement sur eux quelques-unes des conséquences de cette sujétion, ils ont prouvé, les armes à la main, qu’ils voulaient être les maîtres chez eux. D’ailleurs, la constitution physique de la Chine s’oppose à ce qu’elle étende son pouvoir coercitif au delà des limites dans lesquelles se trouvent renfermées ses seize provinces. Elle ne peut avoir sur les royaumes voisins qu’une influence morale basée sur la grandeur de son territoire et l’antiquité de ses institutions.
Macao, 1er septembre 1843.
La population chinoise dans les établissements des détroits, c’est-à-dire à Singapour, Malaca et Poulo-Pinang, s’élève à environ 50,000 âmes. Mais on doit ajouter à ce chiffre la population des établissements hollandais de Rhio, situés à environ 60 milles de Singapour, et qui, pour ce qui concerne l’émigration, est dans des conditions exactement semblables à celle qui est placée sous la domination anglaise, car il y a, entre ces populations, un intercours journalier et non interrompu. On peut évaluer la population chinoise des établissements hollandais à 20,000 âmes. — C’est donc un total de 70,000 individus émigrés du céleste empire malgré la sévérité des lois contre l’émigration, et la surveillance des autorités locales.
Ces émigrés ne sont pas tous d’Amoy, c’est-à-dire de la province de Fokien, mais ils viennent de cette province et de celle de Canton, et même la grande majorité sort de cette dernière province. Ils sont originaires, pour la plus grande partie, des ports maritimes[1] de ces provinces.
Un certain nombre de ces émigrants vient de Haïnan, grande île située à
- ↑ L’expression ports maritimes est ici employée intentionnellement par opposition aux ports riverains ou fluviaux, fort nombreux en Chine.