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reçut le nom d’Îles Amherst. Dans la matinée, après avoir sondé avec soin, la frégate et le brick mouillèrent au milieu d’un havre excellent qui fut appelé Sund de Murray. Les points voisins reçurent des noms particuliers. On fit un grand nombre d’opérations et d’observations pour déterminer l’exacte position géographique de cet endroit.

Ces observations, ainsi que les précédentes, dérangeaient l’économie de la carte de Corée donnée par d’Anville à un tel point que ce serait à ne point y croire, si on ne se rappelait la source imparfaite d’où elle provenait. En reportant la baie de Basile sur la carte coréenne, les deux navires se seraient trouvés au beau milieu de la péninsule, à quarante lieues (177 kilomètres) dans l’intérieur des terres. Broughton avait fait subir des changements au tracé de la côte orientale, mais ils étaient loin d’être aussi considérables. De compte fait, la partie australe de la Corée était figurée de telle sorte qu’elle avait une étendue double de celle qu’elle a véritablement. Le docteur Mac Leod fait à ce sujet les réflexions suivantes :

« Sa majesté coréenne peut bien se faire appeler roi « des dix mille îles », mais son domaine continental supposé a été fort circonscrit par notre visite sur ses bords. Excepté lors des deux ambassades d’Angleterre, aucun vaisseau n’avait jamais pénétré dans la Mer Jaune. Le Lion n’avait fait que suivre les côtes de la Chine sans toucher à celles de la Tartarie ni de la Corée. Cook, La Pérouse, Bougainville, Broughton et d’autres, avaient reconnu la côte orientale de la Corée, mais la côte occidentale n’avait encore été placée sur les cartes que d’imagination, car il faut la reculer à l’est de cent à cent trente milles (161 à 209 kilomètres). Les jésuites ont donc dessiné les côtes de la Corée d’après les rapports qui leur ont été faits, et non d’après leurs propres observations, car leur carte est fort incorrecte et ne répond nullement à leur exactitude ordinaire[1]. »

  1. Voyage du capitaine Maxwell, par John Mac Leod, traduit par M. Defauconpret, p. 48 à 72. — Les jésuites n’ont rien dessiné du tout, et n’ont fait aucune observation en Corée, ce qui ne peut nullement faire suspecter leur exactitude ordinaire. Si M. Mac Leod eût étudié la